IST : un retard au dépistage ?

1 Janvier 2021
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Le TRT-5 suit depuis dix ans maintenant, via son Observatoire en ligne, les problèmes de ruptures de stocks et de pénuries de médicaments. D’abord centrés sur les médicaments anti-VIH, les signalements se sont diversifiés (vaccins, médicaments pour les troubles neurologiques ou en cancérologie, etc.). Dans un communiqué, le collectif interassociatif sur les traitements rappelle qu’il reçoit depuis septembre 2020 des « alertes de l’Est de la France à propos de retards importants de rendus de résultats de tests de dépistage des IST, en particulier pour les gonorrhées et chlamydiae ». « Je signale un retard dans le rendu de mes résultats d’analyse de chlamydiae et gonocoques de 15 jours » ; « Les prélèvements sont envoyés en région parisienne ce qui retarde d’autant mes résultats » ; « Une attente non expliquée, intolérable de plusieurs semaines pour le rendu de mes résultats » ou encore « Une attente de plusieurs jours pour obtenir mes résultats d’analyse ….  sans garantie de date ». Voici quelques-uns des messages reçus par le collectif sur son observatoire. Plusieurs laboratoires d’analyses médicales, publics et privés, sont concernés. « Devant cette situation, la première piste évoquée a été une pénurie de réactifs pour réaliser les tests RT-PCR des IST. Une investigation plus poussée a permis de mieux comprendre la situation. Après enquête auprès des acteurs concernés (centres hospitaliers, Cegidd, laboratoires d’analyse, associations, Corevih), les retards constatés dans les rendus des résultats sont dus à l’engorgement des laboratoires d’analyses médicales en raison de la multiplication des demandes de tests de dépistage Covid-19, à la priorisation des tests virologiques par RT-PCR « Covid »sur les autres dépistages, au fait que les tests sont réalisés sur un nombre limité d’automates, par des techniciens-nes de laboratoire en nombre insuffisant (situation habituelle, aggravée lorsqu’ils/elles sont aussi touchés-es par la Covid-19), à une tension au niveau des réactifs communs à un ensemble de tests RT-PCR incluant les tests Covid », détaille le TRT-5. Il estime que les conséquences d’une telle situation sont « doublement préjudiciables ». D’abord parce que la priorisation du dépistage du Sars CoV-2 entraine un retard dans le dépistage des IST et donc un retard à la mise sous traitement. Ensuite parce que la « nécessité d’acheminer les échantillons vers des laboratoires d’analyses médicales mieux pourvus, peut ouvrir la voie à une tentation de sélection des patients-es en fonction du diagnostic recherché, notamment en priorisant les personnes symptomatiques au dépistage fait dans le cadre d’un suivi ». Enfin, il semblerait que cette situation initialement signalée dans l’Est de la France se soit étendue progressivement à d’autres régions. Et le TRT-5 de conclure : « Elle est donc dommageable pour les personnes concernées, mais aussi plus généralement pour la prévention des IST. Rappelons qu’une IST tardivement diagnostiquée ou non soignée, c’est autant de potentielles contaminations qui auraient pu être évitées ! ». N’hésitez pas à signaler toute situation similaire sur notre observatoire.