La Canada légalise les drogues dures

10 Juin 2022
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Le Canada a annoncé mardi 1er juin la dépénalisation de la possession de petites quantités de drogues dites « dures » dans une province de l'Ouest très touchée par la crise des opiacés.  À sa demande, la Colombie-Britannique est la première province canadienne à connaître cette exception qui concernera l'héroïne, la cocaïne, les opiacés et autres drogues dites « dures », note l’AFP. « Nous faisons cela pour sauver des vies mais aussi pour que les personnes qui prennent de la drogue retrouvent leur dignité et leur droit de choisir », a expliqué Carolyn Bennett, ministre de la Santé mentale et des dépendances, ajoutant que ce projet pourrait être appliqué dans d'autres provinces du pays.  Selon la ministre, « pendant trop d'années, l'opposition idéologique » visant à considérer la possession de drogues comme un problème sanitaire a « coûté des vies ». À compter du 31 janvier 2023 et pour une période de trois ans, les adultes pourront avoir sur eux jusqu'à 2,5 grammes de drogues pour leur usage personnel. Ils-elles recevront des informations sur l'accès à une aide médicale pour les addictions.  Jusqu'ici, les cas les plus graves de possession de drogues prévoyaient des amendes et peines d'emprisonnement. « Je veux être très claire, ce n'est pas la légalisation. Nous n'avons pas pris cette décision à la légère », a avancé Carolyn Bennett.  En 2021, la province a recensé plus de 2 200 décès liés aux opiacés, soit six personnes par jour. Au total, de janvier 2016 à septembre 2021, le Canada a recensé près de 27 000 décès et plus de 29 000 hospitalisations pour des overdoses liées aux opiacés, selon des chiffres du gouvernement. Ces chiffres ont montré une « augmentation inquiétante des surdoses et des décès liés aux opioïdes depuis le début de la pandémie de Covid-19 », d'après cette même source.  À certains moments comme durant la première vague de la pandémie en mai 2020, le nombre de décès liés aux overdoses en Colombie-Britannique était supérieur au nombre de morts du fait de la Covid-19, ce qui a plongé la province dans une double crise sanitaire. « Aujourd'hui est un jour mémorable », a réagi Kennedy Stewart, maire de Vancouver, la capitale de l’État à l'épicentre de la crise. Ce dernier a qualifié l'entente entre la province et le gouvernement canadien comme étant « une étape historique, courageuse et révolutionnaire » dans cette lutte de santé publique. D'autres métropoles canadiennes comme Montréal et Toronto ont, elles-aussi, fait savoir qu'elles envisageaient de demander une exemption légale pour la possession de petites quantités de drogues dures.