La chlorpromazine à l'essai

20 Mai 2020
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Nouvelle piste à l'essai dans le traitement de l'infection à Covid-19. Le groupe hospitalier (GHU) Paris Sainte-Anne a lancé, début mai, l'étude reCoVery. Elle vise à évaluer la pertinence de la chlorpromazine (Largactil), un médicament antipsychotique, dans le traitement du Covid-19. L'objectif est de savoir si ce médicament découvert il y a près de 70 ans pourrait diminuer l'évolution défavorable de l'infection lorsqu'il est administré dès l'apparition des signes respiratoires, mais aussi s'il pourrait réduire la contagiosité du Sars-CoV-2, précise le Quotidien du Médecin. Les investigateurs-rices de l'étude, sous la coordination du Dr Marion Plaze, cheffe de service du Pôle Hospitalo-Universitaire Paris 15e, ont observé que l'incidence des formes symptomatiques du Covid-19 était moindre chez les patients-es du GHU psychiatrie et neurosciences (4 %) que chez les soignants-es (14 %). Ce constat, qui recoupe ceux des unités psyCovid en France et d'équipes étrangères, fait l'objet d'une étude séro-épidémiologique lancée, parallèlement à reCoVery (intitulée Clever), chez les patients-es et personnels du GHU, précise le journal médical. « Ces observations nous ont amenés à formuler l’hypothèse que la chlorpromazine (CPZ) pourrait avoir une action prophylactique sur le SARS-CoV-2 et protégerait les patients des formes symptomatiques et virulentes de cette infection », expliquent les auteurs-rices dans un article publié dans la revue L'Encéphale. Cette hypothèse se fonde également sur de précédentes recherches (2014, 2018) documentant une action antivirale de la chlorpromazine. L'essai thérapeutique pilote de phase III randomisé en simple aveugle, reCoVery, en collaboration avec l'AP-HP et la clinique de l'Alma (encore en attente de validation administrative ce 4 mai), porte sur des personnes souffrant de Covid-19, hospitalisées pour des symptômes respiratoires, mais pas en réanimation avec ventilation mécanique. « Les mécanismes d’action de la chlorpromazine ciblent l’entrée du virus dans la cellule et bloquent la réplication virale au stade précoce de l’infection, ce qui laisse présager une plus grande efficacité de cette molécule en début de maladie, expliquent les auteurs-rices. De plus, la réduction de la prévalence des formes symptomatiques et virulentes de cette infection chez nos patients, en comparaison aux soignants, renforce l’hypothèse d’une efficacité de la chlorpromazine plus probable aux stades précoces de la maladie ». Les participants seront répartis en deux groupes : un groupe avec soins standards et un groupe prenant la chlorpromazine en association avec le traitement standard. Il est prévu d'inclure 40 patients-es ; vingt personnes dans chaque groupe. L'étude est d'une durée maximale de trois mois. L’objectif principal est de démontrer un délai de réponse au traitement plus court dans le groupe avec chlorpromazine par rapport au groupe traitement standard, précise le Quotidien du Médecin.