La parole aux TDS

18 Décembre 2022
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Prenons la parole ! Le froid glacial n’a pas découragé celles et ceux qui se sont rendus-es à la première soirée du cycle « Donnons-leur la parole », ce lundi 12 décembre, à l’Hôtel de ville de Paris. « Donnons-leur la parole » est un cycle de rencontres trimestrielles initié par Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris en charge des Droits humains, de l’Intégration et de la Lutte contre les discriminations et Anne Souyris, adjointe à la Santé à la mairie de Paris. Chaque rencontre propose la projection d’un film suivie d’un débat entre la salle et des personnes concernées par la problématique du film. Pour cette première, les personnes présentes ont pu voir le  documentaire « Au cœur du bois » de Claus Drexel qui donne la parole aux travailleurs-ses du sexe (TDS) du Bois de Boulogne avec beaucoup d’humanité, d’autodérision et d’auto-détermination. La projection du documentaire était suivie d’un échange avec trois TDS : une femme trans, un homme cis gay et une femme cis. Débat animé par Mathieu Magnaudeix, journaliste à Médiapart. Auto-support et échange de bonnes pratiques entre personnes concernées étaient au cœur de ces échanges. « Le corps de la pute est un objet politique. Tout dans la loi de 2016 est une violence intrinsèque aux TDS. Tout va à l’encontre de notre sécurité. On ne peut plus imposer le préservatif à nos clients », expliquait une TDS. Le 13 avril 2016, était votée la loi dite de « pénalisation des clients ». Cela fait désormais plus de six ans que cette loi est entrée en vigueur, six ans de trop pour les associations de TDS qui demandent son retrait, depuis le premier jour. Le fait que le travail du sexe soit abordé de façon aussi frontale au sein de l’Hôtel de ville de Paris n’est pas anodin. Le sujet ne fait pas consensus au sein des élus-es de la Ville de Paris y compris dans l’équipe rapprochée de la Maire, Anne Hidalgo, comme le rappelle Jean-Luc Romero-Michel. « Vous connaissez la position de Anne et vous connaissez la mienne », rappelle l’élu qui insiste sur l’importance d’écouter les personnes concernées et de les accompagner. En effet, Anne Hidalgo n’a jamais caché ses positions abolitionnistes (pour la fin de la prostitution). En octobre 2014,  la Maire de Paris affirmait sa position dans le Journal du dimanche : « C'est un défi de société ! Le sort des personnes victimes de la prostitution est inacceptable. Les prostituées sont toujours victimes, des réseaux ou de leur passé. Ce n'est pas un métier au sens où l'on devrait y être attaché comme à un élément patrimonial de l'humanité ». Un discours qui tranche avec celui des TDS présents-es à cette soirée.  L’auto détermination était beaucoup évoquée par les TDS : « On préfère tapiner qu’être femme de ménage ! » a commenté une TDS qui refuse d’être réduite à un statut de « victime ». La loi de 2016 a aussi entraîné une baisse des tarifs, explique un TDS gay. Thierry Schaffauser, TDS et membre du Strass (le syndicat du travail sexuel) a dénoncé les arrêtés municipaux de la ville de Paris. « Au nom des grands principes, on oblige les TDS à travailler plus ». Et le militant de corriger le nom de la soirée « On ne nous donne pas la parole, nous la prenons ! ».