La Prep efficace chez les trans

8 Septembre 2020
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Une nouvelle étude révèle que la Prep atteint des concentrations efficaces chez les personnes trans, nous apprend le site d’infos canadien Catie. Jusqu’à présent, les données dont on disposait sur l’efficacité de la Prep chez les personnes trans venaient de l’étude iPrEX, le seul essai clinique d’envergure portant sur la Prep à avoir inclus un nombre significatif de femmes trans. Et aucun essai n’avait inclus d’hommes trans. L’analyse d’un sous-groupe de participants-es à l’étude iPrEX avait révélé que les femmes trans étaient moins susceptibles d’avoir une concentration protectrice de fumarate de ténofovir disoproxil (TDF) et d’emtricitabine (FTC) dans leur sang que d’autres personnes, et plus particulièrement si elles prenaient des « hormones d’affirmation de genre » (en l’occurrence, des hormones féminisantes comme un œstrogène ou de la progestérone). Or, ces sous études n’avaient pas vérifié l’observance de la Prep chez ces personnes. Dans un prolongement de la recherche, des chercheurs-ses, aux États-Unis, ont publié les résultats d’une étude menée auprès de 47 femmes et hommes trans et mesurant les concentrations de TDF + FTC dans le sang. Tous-tes les participants-es prenaient également des hormones d’affirmation de genre. Les chercheurs-ses ont constaté que les taux de testostérone chez les hommes trans et les taux d’œstrogènes chez les femmes trans étaient semblables avant et après l’instauration de la Prep. Par ailleurs, les taux de TDF + FTC dans le sang étaient semblables chez les femmes trans et les hommes trans au cours de l’étude. Cette étude a duré quatre semaines. Pendant cette période, les taux de TDF ont augmenté constamment pour atteindre une concentration conférant une protection optimale contre le VIH. Compte tenu de l’excellent taux d’observance thérapeutique maintenu par les participants-es, les chercheurs-ses ont prévu que les taux de TDF continueraient d’augmenter dans leur sang, de manière à atteindre des concentrations très protectrices. Les chercheurs-ses laissent entendre que les femmes trans inscrites à l’étude iPrEX avaient des taux de TDF plus faibles en raison d’un faible taux d’observance et donc d’une « utilisation moins fréquente du médicament, plutôt qu’à cause de différences d’ordre métabolique ». Malgré ces nouvelles encourageantes, des points de vigilances sont à souligner. Notamment la courte durée de cette étude, seulement quatre semaines. Par ailleurs les chercheurs-ses n’ont pas évalué la nouvelle version du ténofovir, le ténofovir alafénamide (TAF). Enfin, ils-elles n’ont pas effectué de prélèvements d’échantillons de tissus pertinents en ce qui concerne la propagation sexuelle du VIH, soit les tissus humides de la muqueuse ano-génitale et des ganglions lymphatiques avoisinants. En conclusion, les chercheurs-ses ont souligné que « des études portant sur de grandes cohortes d’hommes trans et de femmes trans sous Prep ont eu lieu ou sont en cours ; on s’attendrait à des cas d’infection par le VIH au sein de ces cohortes si la Prep n’était pas très efficace ».

Références : Grant RM, Pellegrini M, Defechereux PA et al. Sex hormone therapy and tenofovir diphosphate concentration in dried blood spots: Primary results of the iBrEATHe Study. Clinical Infectious Diseases. 2020 ; sous presse. Krakower DS. HIV preexposure prophylaxis: Meeting the needs of transgender populations. Clinical Infectious Diseases. 2020 ; sous presse. Anderson PL, Liu AY, Castillo-Mancilla JR et al. Intracellular tenofovir-diphosphate and emtricitabine-triphosphate in dried blood spots following directly observed therapy. Antimicrobial Agents and Chemotherapy. 2017 ; 62(1):e01710-17.