Labos : des deals qui rapportent gros !

11 Janvier 2016
1 896 lectures
Notez l'article : 
0
 

Il est assez fréquent que l’industrie pharmaceutique tente, au fil de communiqués de presse larmoyants, d’apitoyer sur son sort. Pourtant certains chiffres sont loin de donner de ce secteur l’image d’un monde industriel étranglé par les taxes et autres impôts. "Le Monde" (30 décembre 2015) explique ainsi que 2015 a été une année record en fusions et acquisitions et que "le secteur pharmaceutique s’est taillé la part du lion, avec 723,7 milliards de dollars d’actifs (661,4 milliards d’euros) qui ont changé de main, sur un total de plus de 5 000 milliards de "deals". Ces chiffres sont ceux du cabinet spécialisé Dealogic. L’opération la plus importante (tous secteurs confondus) a été "le rachat de l’irlandais Allergan par l’américain Pfizer, pour 160 milliards de dollars". Et cela dans un objectif d’optimisation fiscale. Pour Hervé Ronin, un expert et banquier d’affaires chez Bryan Garnier, interrogé par "Le Monde", le boom des fusions-acquisitions dans le secteur pharmaceutique, s’explique pour deux raisons principales. Il y a, d’une part, la "nécessité pour certains groupes d’atteindre une taille critique. C’est le cas des fabricants de génériques, comme Mylan et Teva, ou de Pfizer avec Allergan". "La course à la taille est une façon de s’adapter et de retrouver des marges de manœuvre" dans un contexte de "pression sur les prix et de durcissement des exigences réglementaires" sur les médicaments. L’autre facteur est économique. "La valorisation élevée des groupes pharmaceutiques les encourage à prendre davantage d’initiatives, voire de risques, et cette tendance (…) se poursuivra en 2016", prévient Hervé Ronin. Interrogé par "Le Monde" sur les deals autour des biotechs et leur place dans le nouveau paysage pharmaceutique, Hervé Ronin explique : "C’est le plancton de la baleine. Pour renouveler leur portefeuille, les grands laboratoires achètent de petites sociétés aux molécules prometteuses, pour des montants modestes à l’échelle du secteur : entre 1 et 5 milliards de dollars. C’est une forme de recherche externalisée, qui représente environ 10 % du montant total des transactions". Evidemment, cette stratégie n’est pas sans conséquences comme on a pu le voir avec le rachat de la biotech Pharmasset —qui a créé le sofosbuvir (Sovaldi) — par Gilead pour près de 11 milliards de dollars (9,7 milliards d’euros) en 2011.