"Laissez nous travailler !" clament des prostituées au Sénat

17 Novembre 2013
909 lectures
Notez l'article : 
0
 

Des travailleuses du sexe "traditionnelles" ont demandé mercredi lors d'un débat au Sénat qu'on les laisse travailler, craignant les conséquences d'une pénalisation de leurs clients, prévue par une proposition de loi socialiste qui sera examinée fin novembre. "Laissez-nous travailler, laissez nos clients tranquilles", a expliqué Mélina, travailleuse du sexe depuis 40 ans, invitée à s'exprimer au cours d'un débat organisé par la sénatrice EELV Esther Benbassa, auteure de la proposition de loi visant à l'abrogation du délit de racolage public adoptée en mars au Sénat. Cette rencontre avait pour but d'écouter les prostituées et de "savoir ce qui va leur arriver s'il y a pénalisation de leurs clients", a expliqué Esther Benbassa, citée par l’AFP. La "proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel" présentée par les députés socialistes Maud Olivier et Catherine Coutelle prévoit notamment la création d'une amende de 1 500 euros sanctionnant le recours à la prostitution, doublée en cas de récidive ainsi que des stages de sensibilisation. Plusieurs associations craignent qu'avec cette mesure, les prostituées s'isolent, entrent en clandestinité et s'exposent à davantage de risques, notamment pour leur santé. "Elles vont se mettre dans des coins paumés" craint Gabrielle Partenza, présidente de l'association Avec nos aînées, qui s'occupe des prostituées âgées. "Il n'y a pas eu assez de mortes encore?" Pour Thierry Schaffauser, jeune militant EELV, militant du STRASS et travailleur du sexe, "le problème vient de l'amalgame entre travail forcé et prostitution traditionnelle". "On lutte nous aussi au quotidien contre la traite", soutient-il. La proposition de loi prévoit aussi des mesures en faveur des personnes prostituées comme l'abrogation du délit de racolage public ainsi que de nombreux articles sur l'accompagnement et la protection des personnes voulant quitter la prostitution. Est prévue aussi la délivrance de titres de séjour pour les prostituées qui quittent cette activité, ainsi que l'octroi de soutien financier temporaire. Mais la pénalisation des clients cristallise les critiques.