L’Allemagne ne recommande pas Descovy

5 Septembre 2016
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La décision de l'Institut pour la qualité et l'efficacité en santé en Allemagne (l'équivalent de l'ANSM en France) est lourde de sens. Dans son avis, l’autorité allemande explique que Descovy, évolution du Truvada avec l’intégration du ténofovir micro dosé (TAF-FTC), n’apporte pas d’amélioration suffisante du service médical rendu par rapport au Truvada (TDF-FTC) actuel pour être recommandé. Dix fois moins dosé que le TDF, le ténofovir disoproxil fumarate est mis en avant par Gilead par rapport à une toxicité rénale et osseuse moindre. Ce qui a effectivement été confirmé par plusieurs études. Descovy a d’ailleurs obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en avril au niveau européen, après l’avis favorable de l’Agence européenne du médicament. Le refus de reconnaitre l'amélioration du service médical rendu du TAF, et donc de le prendre en charge, par l’Institut Allemand, pourrait avoir des répercussions ailleurs sur le continent. Le laboratoire Gilead mène un lobbying intense pour le faire arriver sur le marché, juste à temps avant la fin du brevet de la précédente génération TDF. Dans son argumentaire, les sages pointent le manque de données complémentaires, notamment sur le bénéfice comparé, chez les adolescents ou sur les interactions médicamenteuses du TAF avec d’autres molécules prises actuellement en combinaison avec le Truvada. "Absence de preuve du contraire" et "équivalence" sont deux notions différentes, explique l’autorité allemande. Gilead devra donc fournir de nouvelles preuves s’il veut voir Descovy sur ce marché, et peut-être ailleurs. La Haute autorité de santé française, qui doit rendre son avis prochainement, peut très bien suivre la décision de ses confrères teutons concernant Descovy. Et retarder ainsi l’arrivée du TAF.