Le dilemme de l'Afrique

20 Avril 2020
3 305 lectures
Notez l'article : 
4
 
0

Pour contenir la propagation du virus, le Kenya a isolé Nairobi et certaines zones côtières du reste du pays, et imposé un couvre-feu nocturne. Ces décisions ont déjà coûté leur emploi à de nombreux Kényans, observe Kennedy Odede, directeur de Shining hope for communities (Shofco), une organisation locale travaillant à Kibera, l'immense bidonville de la capitale. Le président Uhuru Kenyatta a brandi la menace d'un confinement total pour obliger ses concitoyens-nes à respecter les règles. Mais les officiels reconnaissent que ce serait un choix déchirant alors que 60 % des habitants de Nairobi vivent dans des bidonvilles. « Enfermer les gens dans les bidonvilles sera la dernière option. Il y a beaucoup de choses à faire avant ça », indique à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un haut responsable de la sécurité kényane. Le coronavirus est arrivé tardivement en Afrique. Mais il s'enracine progressivement, avec désormais plus de 15 000 cas et 800 morts recensés sur le continent. Alors que l'Europe et les États-Unis ont attendu des semaines avant d'agir, l'Afrique a sans tarder fermé ses frontières et interdit les rassemblements de masse, rappelle l'AFP. L'île Maurice, le Rwanda et la Tunisie ont été les premiers à imposer un confinement total, Maurice allant même jusqu'à fermer ses supermarchés et boulangeries pendant dix jours. Première puissance industrielle du continent, l'Afrique du Sud leur a emboité le pas. Le Nigeria a prolongé lundi 13 avril pour deux semaines le confinement à Abuja, la capitale fédérale, et Lagos, ville la plus peuplée d'Afrique avec 20 millions d'habitants. Dans ces deux villes, des millions de personnes dépendent de l'économie informelle pour survivre. « La réaction inévitable a été de suivre ce que le reste du monde faisait », remarque Jakkie Cilliers, expert auprès de l'Institute for security studies (ISS), qui a appelé les Africains-nes à élaborer leur « propre solution » pour vaincre le virus. « Un confinement est impossible à mettre en œuvre et est intenable dans la plus grande partie de l'Afrique », argue-t-il. « Vous condamnez les gens à choisir entre mourir de faim ou tomber malades ». « Dix personnes vivant dans un abri en tôle (...) ne peuvent pas rester trois semaines sans sortir dehors », fait-il valoir. Toutefois, la plupart des pays africains ont résisté à cette tentation. Madagascar et le Ghana ont ordonné le confinement de certaines villes et régions. Le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée, le Mali, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Niger ont décrété des états d'urgence et des couvre-feu nocturnes. L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent avec plus de 100 millions d'habitants, a fermé ses frontières terrestres et ses écoles, mais n'a pas restreint les mouvements de la population. Le confinement est irréaliste « car il y a de nombreux citoyens qui n'ont pas de maison » et « même ceux qui ont des maisons doivent chaque jour joindre les deux bouts », a estimé le Premier ministre Abiy Ahmed. Préférant s'en remettre à Dieu, des pays comme le Burundi et la Tanzanie ont eux décidé d'ignorer largement les conséquences sanitaires de la pandémie, et la vie y continue quasiment comme si de rien n'était, note l'AFP. « Le coronavirus ne devrait pas du tout être une raison pour détruire notre économie », a d'ailleurs déclaré le président tanzanien John Magufuli. Pour que les différents types de confinement fonctionnent en Afrique, il faut une aide significative de l’État, jugent les experts-es. Mais le défi est particulièrement difficile à relever sur un continent dépendant largement des donateurs internationaux. Le Kenya a allégé les impôts et distribue de l'eau gratuitement dans les bidonvilles. Le gouvernement sénégalais paye les factures d'électricité et l'Ouganda a demandé aux propriétaires de ne pas réclamer de loyers jusqu'à la fin de la crise. Au Nigeria, en Ouganda, au Rwanda, en Afrique du Sud et ailleurs, les gouvernements distribuent de la nourriture, mais seulement à « une fraction des personnes vulnérables », a expliqué l'experte Rachel Strohm. Elle considère que les mesures prises sont en fait « inefficaces et improductives ». Les couvre-feu font par exemple que les gens se massent au même endroit au même moment pour prendre les transports en commun, chacun tentant de rentrer chez soi à l'heure. Rachel Strohm et Kennedy Odede suggèrent de mettre plutôt en place des transferts directs d'argent liquide aux populations, afin d'éviter le chaos des distributions de nourriture, qui, parfois, tournent à l'émeute. Ils estiment aussi que les bailleurs de fonds internationaux, eux-mêmes confrontés au coronavirus, devront venir en aide. Une autre solution pour éviter le confinement total et l'effondrement des économies serait de procéder en masse à des tests. L'Afrique du Sud est le seul pays du continent à oser cette approche, mais le nombre de tests menés - environ 70 000 - est encore « bien trop faible », a reconnu le ministre de la Santé, Zweli Mkhize. La plupart des pays africains n'ont qu'une capacité limitée à pratiquer des tests.

Commentaires

Portrait de jl06

 l'Afrique ne c,est -elle pas voué corps et ames à la Chine ? .....de notre coté je ne vois pas l,aide que l,ont aurait pu leur apporter ... vu l,état de notre systéme ....

Par des amis algériens les chinois envoies du matos de protections en Algerie ;

Portrait de jl06

Papa Demba Thiam: «Le Covid-19 peut devenir une chance pour l’Afrique»

Le continent africain peut briser la spirale de l’endettement en couplant les dépenses d’urgence sanitaire à un plan de relance qui génère des revenus, propose l’économiste sénégalo-suisse Papa Demba Thiam

Publié dimanche 19 avril 2020 à 19:33 - Modifié lundi 20 avril 2020 à 14:20 Pour Papa Demba Thiam, l’Afrique pourrait profiter de la crise du Covid-19 pour renégocier ses engagements avec ses créanciers, avec l’objectif de sortir de l’éternelle trappe de la dette. Ancien cadre de la Banque mondiale, pendant quatorze ans, l’économiste sénégalo-suisse demande de coupler l’aide d’urgence sanitaire liée à la pandémie à un plan de relance économique.

 

Le Temps: Comment l’Afrique vit-elle la pandémie ?
Papa Demba Thiam: A ce stade, les pays africains sont confrontés à des urgences sanitaires et à la mise en place de filets de sécurité pour les plus démunis. La plupart des pays se sont imposé la quarantaine et se sont coupés du monde. Ils font tout pour stopper la contagion. Toute la machine économique est à l’arrêt et ils n’ont pas de stratégie de sortie de crise. La plupart des dirigeants s’occupent de colmater les brèches.

L’Afrique est donc dépendante de l’aide extérieure.

Dans les circonstances actuelles, l’aide représente une bouffée d’oxygène. Car il faut bien arrêter l’hémorragie. Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert un nouveau guichet qui prête à 25 pays dont 16 en Afrique, pour que ces derniers puissent lui rembourser les créances qui arrivent à maturité cette année. Un autre groupe de pays bénéficie d’un moratoire sur le service de la dette. Enfin, une centaine de pays frappent à la porte du FMI dans le but d’emprunter du cash pour faire face à leurs urgences budgétaires. Il s’agit bien de la dette qu’il faudra rembourser.

Finalement, le Covid-19 n’est-il pas une bonne affaire pour le FMI qui a besoin de «clients» pour assurer sa propre survie?

La crise financière de 2008 avait sauvé le FMI, qui avait prêté des sommes colossales même à des pays européens. Le Covid-19 lui apporte de nouvelles transactions. Il serait important que le FMI se réinvente un autre rôle que celui du sapeur-pompier qui vient éteindre l’incendie. Cette institution qui a la capacité de fabriquer de l’argent, comme les banques centrales, pourrait faire davantage pour rendre les économies plus résilientes. La Banque mondiale est aussi devenue gestionnaire de crises.

Existe-t-il des alternatives au FMI?

Dans le contexte actuel, il faut arrêter l’hémorragie et mettant des garrots. Sinon, le malade mourra asphyxié. Mais il faut être clair: tout ce nouvel endettement devra être remboursé. Dès lors, les pays africains devraient penser à dépenser le crédit intelligemment en couplant les dépenses d’urgence liées au Covid-19 et un plan de relance. Une partie de l’argent qui est mis à disposition doit servir de catalyseur pour mobiliser des capitaux locaux et internationaux privés dans des projets qui génèrent des revenus. L’idée est d’investir dans les chaînes de valeurs pour approvisionner des sites de production en Afrique et à l’étranger. Le continent doit se créer une base économique et la plus grande valeur ajoutée doit lui revenir. Il est impensable que les pays africains consacrent un tiers de leur recette d’exportations à payer le service de la dette. En fin de compte, le Covid-19 peut devenir une chance pour l’Afrique.

Pourquoi les pays africains sont-ils toujours endettés ?

L’endettement ne concerne pas seulement l’Afrique. En Europe, tous les Etats sont fortement endettés. Aux Etats-Unis, l’assiette fiscale s’est rétrécie au fil des années, obligeant l’Etat à emprunter. En Afrique, les gouvernements s’endettent, mais ne font pas fructifier les fonds empruntés, d’où leur incapacité à rembourser le moment venu.

De nombreux pays africains se tournent vers la Chine, tant pour les investissements de celle-ci que pour écouler leurs matières premières. N’est-ce pas une bonne solution?

L’Afrique a besoin de tous les capitaux, d’où qu’ils viennent, mais à condition qu’ils soient investis dans la croissance inclusive et partagée. Pour le moment, les Chinois ne participent pas tellement à la création de chaînes de valeurs sur place. Et près de 40% de la dette africaine sont dus à la Chine. Il faudrait renégocier l’engagement avec les Chinois à la lumière des priorités africaines. Les investissements dans les infrastructures doivent être positivement biaisés pour libérer des opportunités aux initiatives africaines. Ce n’est pas le cas pour le moment. Quand on manque de tout, on doit établir des priorités. C’est ce que le continent devrait faire avec la planification stratégique des investissements.

Portrait de jl06

 Pour rappel L'ONU , 37500 persones très bien payé .....imaginé que l,on distribue leur salaire au peuple qui à  fain .....

Mais non , c'est organisations deviennent archiaque ....

 

Société africaineFamine en Afrique
Coronavirus : le nombre de personnes au bord de la famine dans le monde pourrait doubler en 2020, alerte l'ONU
En raison des conséquences économiques de la pandémie, le nombre de personnes au bord de la famine pourrait passer de 135 à 265 millions de personnes.

Des réfugiés attendent de la nourriture au camp Kabasa, le 8 mars 2018, en Somalie.Des réfugiés attendent de la nourriture au camp Kabasa, le 8 mars 2018, en Somalie. (GIOIA FORSTER / DPA / AFP)

L'épidémie renforce la précarité. Le nombre de personnes au bord de la famine dans le monde risque de doubler en 2020 à cause de la pandémie de coronavirus, selon une projection du programme alimentaire mondial (PAM) dévoilée mardi 21 avril. Il pourrait atteindre "plus de 250 millions d'ici la fin de 2020", a averti cette agence de l'ONU, qui a également contribué mardi à un rapport sur les crises alimentaires.

Selon ce rapport, le nombre de personnes au bord de la famine a nettement augmenté en 2019, passant de 113 à 135 millions de personnes, en raison des conflits, des problèmes climatiques et des chocs économiques. Mais pour 2020, c'est une explosion de ce nombre qui se profile, lequel passerait de 135 à 265 millions de personnes, en raison des conséquences économiques de la pandémie, selon la projection du PAM.

Chaque jour, "environ 21 000 personnes meurent de causes liées à la faim"
"Des gens qui avaient besoin d'aide vont avoir besoin d'aide plus longtemps et de nouvelles personnes vont se retrouver en situation d'insécurité alimentaire à cause du Covid-19", a déclaré Arif Husain, économiste principal au PAM, auteur de cette étude et coauteur du rapport présenté mardi. "Ce Covid n'aurait pu arriver à un pire moment", a-t-il estimé, alors que la situation était déjà en train de se dégrader.

Chaque jour déjà, a-t-il rappelé, "environ 21 000 personnes meurent dans le monde de causes liées à la faim", avant de prévenir. "C'est la situation habituelle dans le monde, avant la pandémie."

 

 

 

Portrait de jl06

Avec le coronavirus, les soupes populaires explosent : qui sont les nouveaux bénéficiaires de l’aide alimentaire ?

  qui sont les nouveaux bénéficiaires de l’aide alimentaire ?  

SOLIDARITÉ - À Saint-Denis, une association se mobilise depuis cinq semaines pour distribuer des repas aux personnes en difficulté. Dans les files d'attente, on découvre de nouveaux bénéficiaires.

23 avr. 06:39

Depuis le début de la crise du coronavirus, certains foyers n'ont plus de revenus. Pour eux, l'aide alimentaire est indispensable. À Saint-Denis, des bénévoles distribuent et livrent des repas pour ceux qui sont dans le besoin. L'association 7 Dream, que les caméras de TF1 ont suivie, distribue des paniers gratuits aux personnes qui ont vu leur situation s'aggraver au fil des semaines. Et ils sont de plus en plus nombreux à être bénéficiaires. Certains car ils ont peur de sortir faire les courses en raison de la présence du virus, d'autres car les moyens financiers manquent.

En effet, l'arrêt de certains secteurs d'activité a entraîné la perte de l'emploi de nombreuses personnes, qui n'ont aujourd'hui pas assez d'argent pour vivre normalement. Parmi les personnes touchées, les familles mais aussi les étudiants, qui ont rejoint les files d'attente pour mettre la main sur un panier repas. "Pas de revenus, pas moyen de faire des courses au quotidien, donc cela vient à point nommé", explique Aboubakar, cet étudiant étranger en 3ème année de communication à l'université Paris 8. Une chaîne de solidarité indispensable en cette période de crise.

Un demi-milliard de personnes supplémentaires dans le monde, soit entre 6% et 8% de la population mondiale, pourraient basculer dans la pauvreté en l’absence de rapides plans de soutien, établit un rapport d'Oxfam, intitulé "Le prix de la dignité"et publié jeudi 9 avril.