Le Mexique vote une loi d'amnistie

26 Avril 2020
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Le Sénat mexicain a approuvé lundi 20 avril une loi d'amnistie visant à libérer certains-es détenus-es non récidivistes, condamnés-es pour des délits mineurs, afin d'éviter la contagion de l'épidémie de Covid-19 dans les prisons. Cette loi, déjà approuvée par la Chambre des députés, accorde une amnistie aux détenus-es condamnés-es pour la première fois pour des délits mineurs, commis sans armes à feu. Elle exclut les condamnés pour homicide, enlèvement ou trafic d'êtres humains. Aucune indication n'a été donnée sur le nombre de personnes détenues qui pourront en bénéficier. « C'est un fait que les prisons sont un foyer d'infection qui, en plus de représenter un danger et une menace pour les détenus, constitue également un risque pour l'extérieur », a déclaré sur Twitter Ricardo Monreal, chef de file des sénateurs du parti Morena, du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador. En France aussi, les risques d'infection par le Covid-19 inquiètent. Le 20 avril dernier, Le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT) a appelé Emmanuel Macron à faire de l'encellulement individuel « une priorité » alors que la crise du coronavirus a provoqué une baisse drastique et inédite du nombre de détenus, indique l'AFP. Un prisonnier par cellule : ce principe est inscrit dans la loi depuis 1875, mais n'a jamais été respecté du fait de la surpopulation carcérale à laquelle la France est confrontée depuis des années et qui lui a valu, fin janvier, une condamnation de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Le 16 mars, la veille du début du confinement en France, il y avait plus de 72 500 détenus pour environ 61 000 places, un record. Un mois plus tard, après les mesures gouvernementales prises pour éviter une crise sanitaire et sécuritaire en prison, les 188 établissements pénitentiaires français comptaient 62 500 détenus, soit près de 10 000 en moins, avec un taux d'occupation de 103 % contre 119 % le 1er mars. Cette baisse drastique constitue pour le SNDP « un gigantesque espoir ». « Aujourd'hui déjà, l'épidémie qui nous touche durement a balayé tous les impossibles et toutes les frilosités: il ne sera en effet plus jamais possible de prétendre que l'encellulement individuel constitue un objectif inatteignable », écrit le syndicat dans une lettre ouverte au chef de l'État. « Le tabou est désormais brisé. Vous savez le faire. La crise sanitaire vient de le démontrer. Ayez le courage et la cohérence d'y répondre comme vous avez pu répondre, pour les personnes détenues et pour les personnels pénitentiaires, à l'urgence de la pandémie », poursuit le SNDP. Les directeurs de prison réclament « la création d'un secrétariat d'État aux questions pénitentiaires », chargé de « mettre en marche la prison et la probation du XXIe siècle » en donnant à l'Administration pénitentiaire « les moyens d'entrer véritablement dans la modernité ». De leur côté, des détenus sud-africains ont entamé lundi 20 avril un mouvement de protestation dans les prisons du pays afin d'obtenir des autorités des libérations conditionnelles pour contenir la propagation du coronavirus, a indiqué une ONG à l'AFP. Selon le dernier bilan des services pénitentiaires, 99 cas d'infection ont, à ce jour, été rapportés dans quatre prisons d'Afrique du Sud, dont 56 détenus et 25 gardiens dans le seul centre d'East London (sud). Près de 3 200 cas, dont 54 mortels, ont été officiellement recensés dans le pays. « Nous avons appelé les détenus à lancer un mouvement national de protestation pacifique », a indiqué à l'AFP Golden Miles Bhudhu, de l'Organisation des détenus sud-africains pour les droits humains (SAPOHR). Selon ce dernier, les détenus ont décidé de refuser de prendre certains de leurs repas. L'ONG exige la remise en liberté anticipée des détenus les moins dangereux, dont les malades, les plus de 60 ans et les condamnés pour la première fois pour les petits délits. La population carcérale sud-africaine compte environ 160 000 détenus, incarcérés dans 243 établissements. « Le virus constitue une sérieuse menace dans des cellules surpeuplées, sales et sans hygiène », a mis en garde la SAPOHR, « il pourrait s'y propager à la vitesse d'un feu de forêt alimenté par des vents violents ». L'administration pénitentiaire a indiqué à l'AFP avait ouvert une enquête contre l'ONG pour « incitation à la révolte contre l'État ». « C'est une initiative irresponsable et dangereuse dont nous n'avons pas besoin », a déploré son porte-parole, Singabakho Nxumalo, « l'État n'ouvrira pas les portes de ses prisons, ce serait une catastrophe pour le pays ». Ce dernier à tenu a rappelé que l'administration avait mis en place des mesures d'isolement pour éviter toute propagation.