Le nouveau rapport de la DDD

22 Mars 2021
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Il est attendu et comme à chaque fois, il dépeint une situation morose, voire inquiétante. Précarité des personnes les plus vulnérables, hausse des réclamations visant les forces de l'ordre, recul des services publics… le rapport annuel de la Défenseure des droits (DDD) dépeint une France frappée par une « aggravation des inégalités » liées aux conséquences de l'épidémie de Covid-19. « La crise sanitaire n'a pas épargné le fonctionnement des services publics (...) Cet affaiblissement a contribué à accentuer le creusement des inégalités sociales, frappant d'abord les plus vulnérables, soulignant leur rôle essentiel dans la préservation de l'égalité », résume dans son rapport publié jeudi 18 mars cette autorité indépendante. L'institution, dirigée depuis juillet par Claire Hédon, ex-présidente de l'ONG ATD-Quart Monde qui a succédé à Jacques Toubon, a reçu près de 97 000 réclamations en 2020, soit 6 % de moins que l'année précédente, note l’AFP. Cers réclamations concernent majoritairement les relations avec les services publics. « La population est épuisée par cette crise, notre devoir c'est de rétablir les personnes dans leurs droits, de les aider à faire face à une bureaucratie qui est parfois kafkaïenne », a expliqué Claire Hédon dans une interview à l’AFP. Elle pointe du doigt une « déshumanisation » des services publics et les inégalités d'accès à Internet, alors qu’on assiste à une large dématérialisation des procédures. La Défenseure des droits alerte, par ailleurs, sur les risques majeurs que représentent les mesures rognant les droits et libertés à long terme, comme la fermeture des guichets pour les personnes demandeuses d'asile, la situation des mineurs-es non accompagnés-es ou l'accès aux visites pour les résidents-es en Ehpad. S'il est « légitime » que l'État puisse se doter de moyens « nécessaires » pour faire face à l'urgence sanitaire, ce régime doit demeurer « temporaire, être strictement encadré et respecter les principes de notre État de droit : légalité, nécessité et proportionnalité », note Claire Hédon. « Il ne faut pas qu'on s'habitue à des atteintes à nos libertés, je pense que c'est important de le rappeler », souligne-t-elle. Comme les années précédentes, l’année 2020 a été marquée par les questions de relations entre police et population. La Défenseure des droits a enregistré un bond de 10,5 % des dossiers liés à la « déontologie de la sécurité », avec plus de 2 100 réclamations, dont la majorité concerne l'action des forces de l'ordre. Cette hausse s'explique en partie par la hausse des dossiers mettant en cause les polices municipales, « particulièrement mobilisées » pendant cette crise. « Le maintien de l'ordre est légitime mais il doit être absolument irréprochable. Il faut renforcer la confiance entre la population et la police et cela passe par l'exemplarité et par des sanctions quand il y a des dérapages et un usage de la force disproportionné », souligne Claire Hédon. La Défenseure des droits rappelle que les saisines en matière de déontologie de la sécurité ont augmenté de près de 210 % depuis 2014 !



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Portrait de jl06

Adieu classe moyenne, la pandémie fait baisser les revenus de la population mondiale

MICHAEL DANTAS / AFP via Getty Images

Parmi les « victimes illustres » de la pandémie et le choc qu'elle a provoqué sur l'ensemble de l' économie mondiale - selon les estimations de la Banque mondiale , le PIB a de 4,3% l' an dernier - il y a aussi la classe moyenne: la crise économique généralisée la situation a en Ce fait a eu un impact notable sur le niveau de vie de la population dans le monde, des millions de personnes étant passées d'une condition socio-économique moyenne à une situation de vraie pauvreté.

 

Les chiffres proviennent d' une analyse du Pew Research Center : en 2020, la classe moyenne mondiale a «perdu» 54 millions de membres par rapport aux estimations pré-pandémiques. Pendant ce temps, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté de 131 millions, en raison de la récession . Le prix le plus élevé a été payé par les habitants de l'Asie du Sud-Est, de l'Asie de l'Est et du Pacifique , régions qui ont connu la plus forte contraction pour la classe moyenne, tandis que la pauvreté augmentait particulièrement en Inde et en Afrique subsaharienne. Saharienne , annulant des années de progrès.

 

Des personnes en détresse reçoivent des colis alimentaires devant une mosquée de New York - Spencer Platt / Getty Images

Parlant de la classe moyenne, selon le rapport, définit encore des normes très basses pour les économies avancées: les personnes qui en font partie vivent avec un chiffre compris entre 10 et 20 dollars par jour, ce qui signifie un revenu annuel compris entre 14600 et 29200 dollars pour une famille de quatre personnes.  Dans certains pays, ces revenus sont considérés comme inférieurs au seuil de pauvreté, qui, par exemple aux États-Unis, est fixé à 23 000 dollars par an pour une famille de quatre personnes. D'un autre côté, les normes mondiales définissent la «pauvreté» comme la situation de ceux qui vivent avec moins de deux dollars par jourou 2 920 $ par année pour une famille de quatre personnes. L'an dernier, explique la recherche, le nombre de personnes considérées comme ayant un revenu élevé - plus de 50 $ par jour - et celui des personnes à revenu moyen à élevé - gagnant entre 20 et 50 $ par jour a diminué de 62 millions. . - a chuté de 36 millions. D'autre part, en plus des pauvres absolus, il y a aussi de plus en plus de personnes qui vivent avec un faible revenu, entre 2 et 10 dollars par jour: l'année dernière, leur nombre a augmenté de 21 millions.