Le président du Syngof opposé à l'IVG

15 Septembre 2018
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Beau lièvre soulevé par l’émission Quotidien, mardi 11 septembre, sur la chaîne TMC. Une journaliste est partie interviewer Bertrand de Rochambeau, le président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof). Durant l’échange, il est question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). « Moi, je fais un métier avec mes tripes. Je me lève à n’importe quelle heure. La nuit, je fais des opérations très difficiles, avec mes tripes. Et donc aux choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus », affirme le médecin. Et Bertrand de Rochambeau d’expliquer : « Nous [les médecins] ne sommes pas là pour retirer des vies ». Alors que la journaliste de TMC lui fait remarquer que l’IVG n’est pas un homicide, il répond : « Si, madame ! » Contacté par franceinfo, le Syngof a pris ses distances avec les propos de son président : « Bertrand de Rochambeau s'est exprimé en son nom personnel et non au nom du Syngof ». Et d'assurer que : « Le Syngof ne remet nullement en cause l'IVG, nombre de gynécologues au sein du Syngof pratiquent les IVG ». On trouve d’ailleurs un communiqué du Syngof sur la question de la clause de conscience en matière de pratique des IVG. Cette position fait suite à l’interpellation d’une sénatrice, Nadine Grelet-Certenais, en juillet dernier. Elle avait fait valoir interpellant Agnès Buzyn qu’il était « intolérable que les femmes ne puissent pas exercer leur droit essentiel parce que des médecins, au mépris de l’accès aux soins, font valoir des réticences d’ordre personnel ou éthique ». Par ailleurs, les déclarations du président du Syngof ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué commun (12 septembre), la ministre de la santé Agnès Buzyn et la Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, « condamnent fermement les propos du Dr Bertrand de Rochambeau ». « Si les médecins ont effectivement le droit de refuser de pratiquer un IVG, ils ont, en revanche, l’obligation d’orienter la patiente vers un autre praticien ou une structure qui répondront à sa demande. Par ailleurs, depuis 1993, le délit d’entrave sanctionne les actions empêchant l’accès à l’information sur l’IVG et aux établissements qui la pratiquent, élargi notamment à Internet en 2017 (…) Les ministres rappellent que l’IVG est un droit trop souvent menacé pour lequel il convient de ne relâcher aucun effort ». « L’IVG doit être un droit réel, que chaque femme doit pouvoir exercer en toute liberté. Cela fait maintenant plus de 40 ans que ce droit leur est acquis. Rien ni personne ne doit l’entraver » précise Agnès Buzyn, tandis que Marlène Schiappa, explique : « Nous ne devons laisser passer aucune attaque, d’où qu’elle vienne, contre le droit des femmes à accéder librement à l’avortement ».