Le prix très élevé du Sovaldi amplifie les appels à annuler ses brevets

30 Mai 2015
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Jamais la mobilisation contre le prix d’un médicament n’a été aussi large et forte dans le monde. Alors que Sovaldi (sofosbuvir) et son coût continuent d’alimenter les débats sur les conséquences d’un tel tarif sur la mise à disposition d’un médicament très efficace contre l’hépatite C, le "New York Times" revient sur les fronts d’opposition à ce prix, et notamment sur les brevets. Le laboratoire Gilead doit, en effet, faire face à plusieurs actions en contestation devant les Offices nationaux ou régionaux des brevets. Comme le rappelle le journaliste Andrew Pollack, les négociations en amont de Gilead, lui permettant d’avoir négocié un tarif pour 91 pays en développement, en ont exclu beaucoup d’autres, s’opposant à un prix qu’ils jugeaient prohibitifs et mettant en péril leurs finances publiques. Dès lors, l’Inde a déjà réussi à casser le brevet de la molécule sur son territoire, en attendant d’autres verdicts de l’Office indien des brevets. Idem sur le vieux continent, où Médecins du Monde s’est attaqué au monopole du laboratoire à l’échelon européen. Une démarche qui prendra un an au moins. Aux Etats-Unis, les associations n’ont même pas les moyens de pouvoir livrer la bataille juridique contre Gilead. "Ce qui signifie de manière simple que des personnes qui ont besoin du médicament ne l’auront pas ou pas dans un avenir proche", confie Priti Radhakrishnan, fondateur et directeur de la New York Organization (IMAK) au "New York Times". Aux Etats-Unis, le traitement de trois mois de Sovaldi étrangle le système Medicaid pour les personnes les plus démunies. Du côté de chez Gilead, on concède des problèmes, tout en certifiant, dans un mail envoyé au journaliste, "que Gilead [travaille] pour un accès général à son nouveau traitement de l’hépatite C, le plus vite possible et dans le plus de pays possible". Tout en continuant de mettre la pression pour un traitement à 7 500 dollars dans des pays en développement en attente de brevets. Pourtant, les bénéfices financiers sont déjà là. Marcela Vieira, avocate et coordinatrice du groupe de travail sur la propriété intellectuelle pour le Réseau brésilien de l’intégration de tous les peuples, explique que les retombées financières du Sovaldi s’élèvent à 16 milliards de dollars. Et le journaliste Andrew Pollack de conclure, que faute de victoires lors des actions en opposition contre les brevets du médicament, le seul miracle viendra d’hypothétiques concessions du laboratoire Gilead.