Le succès du confinement

15 Juin 2020
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Les mesures de confinement décidées pour faire face à la Covid-19 ont été efficaces pour reprendre le contrôle de la pandémie et ont permis d'éviter 3,1 millions de morts dans onze pays européens, estime une étude publiée lundi 8 juin. Réalisée par l'Imperial College de Londres, dont les scientifiques conseillent le gouvernement britannique sur la crise sanitaire, cette étude analyse les principales mesures prises dans onze pays dont la France, telles que l'interdiction des événements publics, la restriction des déplacements ou la fermeture des commerces et des écoles, rappelle l’AFP.  « Mesurer l'efficacité de ces mesures est important, étant donné leur impact économique et social », soulignent ses auteurs-rices, alors que l'ampleur des effets collatéraux du confinement est régulièrement questionnée et que certaines voix s'élèvent, notamment au Royaume-Uni, pour réclamer l'accélération de la levée des restrictions.  Les chercheurs-ses ont comparé le nombre de décès recensés sur la base de données du Centre européen de prévention et contrôle des maladies avec le nombre de décès qu'il y aurait eu en l'absence de mesures de contrôle, estimé par modélisation mathématique.  Ils-elles concluent que les mesures mises en place ont permis d'éviter environ 3,1 millions de décès dans ces onze pays. Leur étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature, estime aussi qu'elles ont permis de faire baisser de 82 % en moyenne le taux de reproduction du virus (le nombre de nouvelles personnes contaminées par chaque personne infectée), permettant de le ramener en dessous de 1, seuil en-deçà duquel le nombre de nouveaux cas diminue.  Les chercheurs-ses calculent, par ailleurs, qu'au 4 mai, 12 à 15 millions de personnes ont été infectés par la Covid-19 (soit 3,2 % à 4 % de la population en moyenne, avec d'importantes variations selon les pays). La Belgique aurait ainsi le taux d'infection le plus élevé, avec 8 % de la population ayant contracté le coronavirus, suivie par l'Espagne (5,5 %), le Royaume-Uni (5,1 %) et l'Italie (4,6 %).  Ce chiffre serait de 3,4 % en France. Inversement, seuls 710 000 Allemands-es auraient contracté le virus, soit 0,85 % de la population.  Les auteurs-rices soulignent que les mesures s'étant succédé selon un calendrier rapproché, il est difficile d'évaluer l'impact de chacune d'entre elles séparément. Ils concluent néanmoins que « le confinement a eu un effet substantiel » sur le contrôle de l'épidémie. « Le maintien de mesures doit être envisagé pour garder la transmission du Sars-CoV-2 sous contrôle », ajoutent-ils. Les chercheurs-ses observent qu'une des limites de leur modélisation est qu'elle fait l'hypothèse qu'une mesure donnée a eu le même effet partout, alors qu'en réalité « il y a eu des variations dans l'efficacité du confinement selon les pays ».  Les onze pays étudiés sont l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la France, l'Italie, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Une autre étude menée par l'université de Berkeley (États-Unis), également publiée lundi 8 juin dans Nature, estime que 530 millions d'infections par le coronavirus ont été évitées dans six pays (Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Iran et Italie) grâce aux mesures mises en place jusqu'au 6 avril dernier. Ses auteurs-rices comparent le taux de croissance quotidien du nombre de nouveaux cas avant et après l'application de ces mesures, et concluent que ces dernières ont « considérablement ralenti » ce taux, « avec des bénéfices sanitaires visibles dans la plupart des cas ». Par rapport à un scénario sans mesures de restriction, ils estiment que 62 millions de « cas confirmés » ont été « évités ou retardés », soit 530 millions d'infections au total, au vu de la large sous-estimation du nombre de cas.