L'écriture inclusive est bannie des textes officiels

29 Novembre 2017
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Le Premier ministre Edouard Philippe a donné consigne à ses ministres, dans une circulaire dont l'AFP a eu copie le 21 novembre, de bannir des textes officiels l'écriture dite "inclusive", règle d'élargissement du féminin dans la langue française qui suscite un vif débat ces derniers mois. "Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au "Journal officiel" de la République française, à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive", écrit le chef du gouvernement, dans cette circulaire publiée le 22 novembre au "JO". Mais pourquoi cette fermeté ? "Outre le respect du formalisme propre aux actes de nature juridique, les administrations relevant de l'Etat doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d'intelligibilité et de clarté de la norme", justifie-t-il. Portée par des cercles féministes, mais pas seulement, rejetée par l'Académie française qui y voit un "péril mortel" (!), l'écriture inclusive propose de remettre en cause la règle d'accord de la langue française, jugée sexiste, selon laquelle, au pluriel, "le masculin l'emporte sur le féminin". Elle se traduit, notamment, par des graphies comme "les député-e-s" ou "les électeur-rice-s" ou par une règle d'accord avec le sujet le plus proche. Ce raidissement de Matignon vise à endiguer "des initiatives dans certaines administrations" et à "clore la polémique". En fait, il tue plutôt le débat sur une demande qui vise à renforcer l'égalité entre les femmes et les hommes. Matignon en profite pour se faire prof de lettres. Dans sa note, Edouard Philippe précise les règles d'accord qui doivent s'appliquer dans les actes administratifs. Dans les textes réglementaires, "le masculin est une forme neutre qu'il convient d'utiliser pour les termes susceptibles de s'appliquer aux femmes", indique-t-il. En revanche, quand l'auteur d'un texte officiel ou la personne nommée est une femme, il convient bien d'écrire "la ministre", "la secrétaire générale" et de féminiser la fonction en se référant à un guide ("Femme, j'écris ton nom...") élaboré par le CNRS et l'Institut nationale de la langue française. Sinon, pour les actes de recrutement et avis de vacance publiés au "JO", le Premier ministre demande d'utiliser des formules comme "le candidat ou la candidate" afin cette fois "de ne pas marquer de préférence de genre". Ça tombe bien, ne pas le faire serait illégal.