L’égalité femmes-hommes prend du retard

10 Avril 2021
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Très mauvaise nouvelle. La crise sanitaire a retardé de plus d'une génération le temps nécessaire pour parvenir à l'égalité hommes-femmes, selon la quinzième étude annuelle publiée le 31 mars dernier par le Forum économique mondial (WEF, organisation connue comme le forum économique de Davos). Si ce rapport fait ressortir de fortes disparités d'un pays à l'autre, il faudra toutefois encore compter 135,6 années avant de parvenir à la parité à l'échelle mondiale, explique l’AFP. Il faudra désormais 36 ans de plus pour combler les écarts tant sur le plan économique que politique, de santé, ou encore d'éducation, souligne cette étude, réalisée chaque année sur les inégalités femmes-hommes dans le monde. « La pandémie a eu un impact fondamental sur l'égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu'à la maison, faisant reculer des années de progrès », a pointé Saadia Zahidi, membre du comité exécutif du Forum économique mondial. Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi, en partie en raison de leur surreprésentation dans des secteurs liés à la consommation qui ont été les plus directement affectés par les mesures de confinement. L’organisation internationale du travail (OIT) confirme que la perte d'emplois des femmes a atteint 5 % en 2020, contre 3,9 % chez les hommes. La crise sanitaire a également accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur « incombent de manière disproportionnée », avancent les experts-es. Le rythme des embauches pour les femmes est également plus lent maintenant que le marché de l'emploi se redresse, leurs chances d'être recrutées pour des postes de dirigeantes étant moindre, selon cette étude, qui constate une régression d'un à deux ans par rapport aux progrès réalisés jusqu'à présent.  Et tous les domaines sont concernés, dont celui de la politique. S'il fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, le rapport explique les femmes n'occupent toutefois que 26,1 % des sièges parlementaires et 22,6 % des postes ministériels au niveau mondial. En poursuivant sa trajectoire actuelle, l'écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport (fin 2019). Pour la douzième année consécutive, l'Islande s'est maintenue en haut de classement, restant le pays le plus égalitaire au monde, suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède. La France a reculé d'un cran en 2021, à la seizième place du classement sur 156 pays. Elle se classe au vingtième rang en matière d'émancipation politique, même si elle arrive à la première place pour la part de femmes à des postes ministériels.