L’égoïsme des pays riches

3 Janvier 2022
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Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde (22 décembre) contre l’illusion selon laquelle il suffirait d’administrer des doses de rappel pour se sortir de la pandémie de Covid-19. « Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel et les rappels ne sont pas un feu vert pour célébrer comme on l’avait prévu », a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d’y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter », a tenu à rappeler le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé. « Il est important de se souvenir que la très grande majorité des hospitalisations et des morts sont des gens qui ne sont pas vaccinés pas des gens qui n’ont pas eu de dose de rappel », a-t-il insisté, ajoutant : « Et il nous faut être très clair » sur le fait que « les vaccins restent efficaces contre les variants Delta comme Omicron ». Le comité des experts-es de l’OMS en matière de politique vaccinale (Saga) a noté qu’au moins 126 pays ont déjà donné des instructions en vue de l’injection d’une dose de rappel ou d’une vaccination supplémentaire (des enfants, par exemple) et 120 d’entre eux ont déjà entamé les campagnes en ce sens. En grande majorité des pays riches ou à revenus moyens alors que « aucun pays pauvre n’a encore introduit de programme de rappel », souligne la structure Saga. Ce n’est pas la première fois que le patron de l’OMS critique la stratégie des pays du Nord, menée, selon lui, au détriment d’un accès universel à la vaccination, notamment dans les pays à ressources limitées. Les dons de vaccins par les pays riches restent trop limités et ne permettent pas d’assurer la couverture vaccinale mondiale attendue. Faute de cela, nous sommes assurés-es de devoir encore faire face à de nouveaux variants, avec les conséquences que l’on connaît.

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Médecins sans frontières quitte la Pologne : « Ils nous refusent l'accès aux zones frontalières pour aider les migrants »Depuis juin 2021, des milliers de personnes ont tenté de rejoindre l'UE depuis la Biélorussie. En réponse, la Pologne a construit des barrières frontalières, mobilisé son armée et déclaré l'état d'urgence06 JANVIER 2022
 Trois mois après l'envoi d'une équipe d'urgence, Médecins sans frontières (MSF) est contraint de conclure son intervention en Pologne en raison du refus persistant des autorités polonaises d'autoriser l'accès à la zone frontalière avec la Biélorussie, où des groupes de personnes survivent en sous- -températures zéro, ayant un besoin urgent d'assistance médico-humanitaire.

"Depuis octobre, nous avons demandé à plusieurs reprises l'accès à la zone sans succès", a déclaré Frauke Ossig, coordinateur de l'intervention d'urgence de MSF en Pologne et en Lituanie. "Nous savons qu'il y a encore des gens qui ont besoin d'aide qui se cachent dans la forêt, mais malgré notre engagement et notre volonté de les aider, nous sommes incapables de le faire sur le front polonais."

Depuis juin 2021, des milliers de personnes ont tenté de rejoindre l'UE depuis la Biélorussie. En réponse, la Pologne a construit des barrières frontalières, mobilisé son armée et déclaré l'état d'urgence le long de la frontière. L'accès à cette zone, qui est strictement contrôlé, est limité, y compris pour les organisations humanitaires, les associations bénévoles et les médias.

Au cours des six derniers mois, la police des frontières polonaise a repoussé de force à plusieurs reprises des migrants et des réfugiés en Biélorussie, violant ainsi leur droit de demander une protection internationale. Par peur des refoulements et des violences policières, des femmes, des hommes et des enfants ont tenté de se frayer un chemin dans la région en se cachant dans les forêts où, en plus des températures glaciales, ils se sont retrouvés sans nourriture, eau, abri et vêtements. Au moins 21 personnes ont perdu la vie dans cette zone en 2021.

Les opérateurs MSF ont entendu de nombreux témoignages directs de personnes ayant subi des vols, des dégâts, et ont été intimidées ou victimes de violences intentionnelles des deux côtés de la frontière. L'équipe de MSF a constaté des blessures physiques sur les corps de ces personnes qui coïncident avec des rapports d'abus. Bien que des personnes soient attaquées et battues par la police des frontières, les autorités autorisent toujours les refoulements.