Les contrôleurs post-traitement

23 Avril 2022
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De rares personnes vivant avec le VIH, ayant bénéficié d’un traitement précoce maintenu pendant plusieurs années, ont la capacité, à l’arrêt de leur traitement, de contrôler le virus sur le long terme. On les appelle les « contrôleurs post-traitement » ou PTC. Les mécanismes de ce contrôle ne sont pas entièrement élucidés. Comprendre les mécanismes fondamentaux qui gouvernent la réponse immunitaire chez ces personnes contrôleuses est primordial afin de développer des vaccins contre le VIH et/ou de nouvelles stratégies thérapeutiques qui visent la rémission de l’infection. Une équipe de chercheurs-ses, menée par le Dr Hugo Mouquet, directeur du laboratoire d’Immunologie humorale à l’Institut Pasteur (organisme de recherche partenaire d’Université Paris Cité), a mené une étude exhaustive chez les personnes PTC afin de caractériser leur réponse humorale (c’est-à-dire leur production de lymphocytes B et d’anticorps spécifiques), en comparaison aux individus non contrôleurs. Les chercheurs-ses ont montré que leur réponse immunitaire humorale était à la fois efficace et robuste, ce qui pourrait contribuer au contrôle de l’infection en l’absence de traitement, expliquent l'Inserm et l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes (MIE) dans un communiqué commun (12 avril). En revanche, d’autres PTC chez lesquels le virus reste indétectable en permanence après l’interruption du traitement ne développent pas de réponse humorale forte. Les mécanismes de contrôle chez ces personnes continuent à être investigués dans le cadre de l’étude Visconti. La découverte de ces deux types de réponse immunitaire humorale, dépendant du profil des PTC, apporte un nouvel éclairage sur le phénomène de contrôle du VIH. Pour Hugo Mouquet, investigateur principal de l’étude : « Ces résultats montrent que la mise en place d’un traitement antirétroviral précoce peut faciliter le développement optimal de réponses immunitaires humorales, permettant dans certains cas de contrer le rebond viral après interruption du traitement ». L’exemple de la réponse immunitaire des PTC ayant des épisodes courts de « réveil » du virus pourrait même inspirer de nouvelles stratégies thérapeutiques ou vaccinales. Les résultats de cette étude, sont parus dans Nature Communications le 11 avril 2022.