Les couples séro-différents, tous les mêmes ?

26 Janvier 2016
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La définition d’un couple séro-différent ou magnétique est assez consensuelle : c’est un couple où un partenaire est séronégatif pour le VIH et l’autre séropositif. Ce qui fait moins consensus, semble-t-il, c’est d’accepter d’être ce type de couple. En 2012, une enquête avait été réalisée au Canada auprès de 1 000 gays : 49 % d’entre eux avaient indiqué qu’ils refuseraient d’avoir des relations sexuelles avec un mec séropo, même s’ils étaient attirés par celui-ci. Fort heureusement, de plus en plus de personnes vivent en couple séro-différent et vivent bien ! On le doit, expliquent certains experts, à une nouvelle compréhension de la biologie de la transmission du VIH avec l'avènement du Tasp. Aujourd’hui, on considère qu’il est plus facile de prévenir la transmission du VIH dans des couples séro-différents — dont le partenaire qui vit avec le VIH est sous traitement efficace — que dans des couples où les deux partenaires se croient séronégatifs. Aujourd’hui, entre le Tasp, la capote et la PrEP, chaque partenaire a, selon son statut, un ou plusieurs moyens pour éviter la transmission. Venez-nous parler du couple et de ses différences pendant le chat thématique, mardi 26 janvier à partir de 21 heures, en compagnie d’Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Une petite dizaine de personnes, et surtout 2 ou 3 participant-e-s très actif-ve-s pour aborder le thème et répondre d'emblée à la question : eh oui ! les couples séro-différents sont tous singuliers. "Certains flippent, d'autres moins", ou pas ... A partir de points de vue de partenaires séropositifs ou séronégatifs, en intégrant l'évolution des connaissances sur la transmissibilité pour les personnes traitées en charge virale indétectable, on voit qu'aucun couple ne ressemble à l'autre, et qu'il peut aussi changer d'une période à l'autre. Au coeur de la réflexion : ce que l'on sait, ce que l'on fait de ce savoir, et l'influence de ce savoir dans l'évaluation du risque dans la séro-différence. Certains partent de leur expérience, avant toutes les publications officielles (Hirschel, Partner, ...) pour en tirer la conclusion que le préservatif ne s'impose pas dans leur couple sérodifférent, et que le choix se fait même spontanément de ne pas y avoir recours. Pour d'autres, éclairés par des études et des avis de médecins sur le TasP (Treatment as Prevention), la décision est prise de ne plus utiliser la capote. Mais le "c'est pas sûr à 100%" peut à un moment ouvrir un espace à l'interrogation, à la volonté de ne pas être l'"exception" dans ces données statistiques, avec aussi peut-être le souvenir ancien d'un traitement post-exposition mal supporté ; alors la part de subjectivité dans les enjeux de prévention laisse un ou deux ans après la place à l'inquiétude et au stress, on revient à la protection classique, avec le sentiment tout de même d'une certaine frustration quand on remet le préservatif. La présence d'une co-infection avec le VHC peut aussi rebattre les cartes et indirectement ramener au recours au préservatif. Et l'option de la PrEP, encore mal connue cependant, mais qui pourrait résoudre le problème de frustration engendrée le préservatif, est perçue comme trop lourde. Enfin, pour un autre, quand la difficulté de vivre avec le virus se double de la peur du partenaire séronégatif du moindre contact physique, par une méconnaisance basique des modes de transmission, un grand chemin vers la compréhension de ces mécanismes semble être la clé, dans la perspective d'une consultation commune et très attendue avec le médecin, pour un moment d'échange propre à lever tous les a priori qui scindent le couple.

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine il y a aura plus ou moins d'électricité dans l'air, de foudre avec Benjamin Franklin, et de bande magnétique, tandis qu'avec Ampère nous inverserons les pôles : le fil vert sur le bouton rouge, et le fil rouge … avant, dans les pas du Dr Livingstone, d'explorer l'Afrique des contraires ...