Les craintes du Fonds mondial

22 Septembre 2020
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Un nouveau rapport du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme lance un appel à « agir et à investir urgemment pour préserver des décennies de progrès contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, menacés par la pandémie de Covid-19 ». Ce rapport a été publié le 14 septembre. Le Fonds mondial et ses partenaires ont « sauvé 38 millions de vies depuis 2002, dont six millions en 2019, soit une hausse de 20 % du nombre de vies sauvées par rapport à l’année précédente ». Dans l’ensemble, dans les pays où le Fonds mondial investit, le « nombre annuel de décès liés au sida, à la tuberculose et au paludisme a diminué de moitié depuis le pic des épidémies », note le rapport. Mais le rapport 2020 montre que « ces progrès pourraient être anéantis par les effets de la pandémie de Covid-19 » et met en garde contre une « possible hausse fulgurante du nombre de décès et d’infections liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans les douze prochains mois ». En 2019, le Fonds mondial a réalisé des progrès significatifs sur plusieurs fronts. En effet, si les filles restent davantage touchées par le VIH que les garçons, le taux d’infection des adolescentes et des jeunes femmes a diminué de 51 % depuis 2010 dans treize pays prioritaires d’Afrique subsaharienne où le Fonds mondial investit. Par ailleurs, le Fonds mondial a financé l’achat de 3,7 millions de kits d’autotests, l’accès à différents modes de dépistage étant essentiel pour mettre fin au VIH en tant que menace pour la santé publique. Aujourd’hui, ces avancées sont « menacées par le coronavirus ». Le rapport montre ainsi que par endroit, le nombre de dépistages du VIH a diminué de moitié et les notifications de cas de tuberculose ont chuté de 75 %, ce qui pourrait conduire à une hausse des nouvelles infections, les personnes ignorant leur statut étant susceptibles de transmettre le virus à d’autres. En outre, nombre de pays ont été contraints de reporter leurs campagnes de distribution de moustiquaires, laissant ainsi sans protection les personnes particulièrement vulnérables au paludisme, en majorité des enfants ». Le Fonds mondial a réagi assez vite pour aider les pays à faire face à ces difficultés. Depuis mars 2020, plus de « 700 millions de dollars (…) ont été attribués à 103 pays et onze programmes multi-pays pour combattre la Covid-19 en généralisant les tests, la recherche des cas contacts et les équipements de protection à destination des agents de santé, qui sont en première ligne ; en adaptant les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme existants afin d’en préserver les progrès ; et en renforçant les systèmes de santé afin de prévenir leur effondrement et de garantir, au contraire, qu’ils puissent assurer la bonne administration des traitements et des vaccins lorsque ces derniers seront disponibles ».  « Nous sommes à un tournant », a ajouté Peter Sands, directeur du Fonds mondial. « Soit nous acceptons de voir réduits à néant les progrès accomplis dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, et de faire marche arrière dans la poursuite des Objectifs de développement durable. Soit nous agissons maintenant, rapidement et à la bonne échelle, en investissant bien plus de moyens que ceux engagés jusqu’à présent, pour à la fois contrer les effets directs de la Covid-19, et en atténuer les répercussions sur la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.