Les freins à la prise en charge des personnes co-infectées

24 Décembre 2016
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Jusqu’à présent, toutes les personnes co-infectées VIH-VHC n’ont pas eu accès au traitement par les antiviraux d’action directe (AAD), malgré l’indication dont elles bénéficient depuis deux ans, notamment celle de la Haute autorité de santé, indique "L’Echo des recos" N°5, la lettre d’information du comité de suivi des recommandations du rapport Dhumeaux sur les hépatites B et C. Une enquête sur les raisons de ces non-traitements menée en juin 2016 auprès des médecins de la cohorte Icone (10 087 personnes vivant avec le VIH suivies en Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Hauts de France) le démontre. Sur 434 personnes co-infectées, 235 avaient été traitées par AAD, et 199 n’étaient pas encore traitées (soit 40 %) (1), explique Marianne L’Hénaff (Collectif Hépatites Virales-Arcat), auteure de l’article. En excluant celles devant être traitées dans les six mois (37 %) ou ayant déménagé (14 %), la principale cause de non traitement est le sentiment exprimé par certains soignants d’une non urgence (20 %), compte-tenu d’une fibrose du foie peu avancée et d’un coût de traitement par AAD élevé. Le deuxième frein est une addiction en cours (alcool ou drogues) (16 %), et les doutes de certains médecins quant à l’observance (12 %). Les difficultés sociales (11 %) et le refus du patient d’être traité (11 %) sont liés (peur de perdre les aides sociales), illustrant la nécessité d’une éducation thérapeutique et d’un accompagnement social. Le fait d’être migrant est également une limite (9 %) pour le corps médical, liée à l’incertitude quant au devenir et, là encore, au coût élevé du traitement. Une forte baisse du prix des traitements, une information soutenue sur les bénéfices individuels et collectifs de l’éradication virale C, sur les dispositifs d’accès aux soins et les droits des patients, ainsi qu’une évolution des fausses représentations qui entravent les soins sont donc déterminantes pour l’accès aux traitements, conclut  "L’Echo des recos".

(1) : Lionel Piroth and the Icone study group. Lancet 2016 ; 388:1051-1052.