Les interactions médicamenteuses à l’étude en Suisse

5 Juillet 2017
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Le Professeur Laurent Decosterd, chef du Laboratoire de pharmacologie clinique du CHUV (Centre hospitalier universitaire vaudois) et la Dr PD Catia Marzolini de la Division des maladies infectieuses de l’Université de Bâle, ont reçu le Prix AbbVie 2017, d’un montant de 20 000 francs suisses remis par la Swiss HIV cohort study. Ces deux médecins et chercheurs conduisent un projet qui porte sur les interactions médicamenteuses, en particulier chez les personnes vivant avec le VIH. Interrogé par le journal suisse "Le Temps" (23 juin), Laurent Decosterd explique : "Par rapport aux années 1980, la proportion de personnes VIH-positive âgées a augmenté. Les traitements anti-VIH sont très efficaces et maintenant mieux tolérés, mais les patients en vieillissant sont progressivement confrontés aux problèmes liés à l’âge. Ils reçoivent parfois d’autres médicaments notamment contre l’hypertension ou le diabète en plus de leur traitement anti-VIH". "Nous retrouvons alors à gérer des traitements complexes. Or, les informations dont nous disposons sur le potentiel d’interactions entre ces médicaments reposent sur des considérations théoriques, ou bien ces interactions ont été étudiées seulement en éprouvette. Il y a une nécessité majeure à étudier chez les patients ces co-médications". Le projet que ces deux médecins conduisent permet de faire venir les personnes suivies pour le VIH dans les centres de Lausanne et à Bâle. Les patients viennent une à deux fois par an pour une visite médicale. Ils remplissent un formulaire sur lequel ils notent tous les médicaments qu’ils prennent et l’heure de la dernière prise. Une prise de sang est réalisée lors de la visite. "Le projet prévoit de mesurer les taux sanguins des médicaments anti-VIH et d’une quinzaine de médicaments de la comédication, soit parce qu’ils sont fréquemment prescrits, ou bien parce qu’on soupçonne des interactions. Ces médicaments sont principalement répartis dans trois classes thérapeutiques: cardio-vasculaires, diabète et troubles du métabolisme, et médicaments psychotropes", précise Laurent Decosterd. Les prélèvements sont étudiés par spectrométrie de masse pour mesurer la quantité des médicaments dans le sang et les résultats sont analysés avec des modèles mathématiques. Le projet a débuté en janvier 2017. Des échantillons sanguins et des données ont été récoltés chez plus de 750 patients. Cette recherche se poursuit jusqu’en 2018. "Le projet vise à administrer la bonne dose du bon médicament au bon patient", conclut Laurent Decosterd.