Les médicaments à l'unité de retour ?

10 Décembre 2019
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Vers la vente de médicaments à l’unité en pharmacie, le retour ? Les députés-es ont donné leur feu vert mercredi 27 novembre en commission à cette proposition, dans le cadre de l’examen du projet de loi anti-gaspillage. Cette disposition figurait dans les engagements de campagne du candidat macron en 2017. La mesure avait été évoquée lors d’un PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), mais sans succès. L’amendement LREM, largement voté en commission, propose la dispensation de médicaments à l’unité (DAU) en pharmacie à partir du 1er janvier 2022, « lorsque leur forme pharmaceutique le permet », précise le texte cité par l’AFP. Si la mesure est adoptée, un décret devrait ensuite préciser « les modalités de conditionnement, d’étiquetage, d’information de l’assuré et de traçabilité ». « Les armoires de nos concitoyens sont pleines de médicaments non utilisés. C’est une question sérieuse et ancienne », estime la députée LREM Nathalie Sarles. Elle cite, pour appuyer sa démonstration, des chiffres de l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) selon lesquels un-e habitant-e jetterait chaque année 1,5 kg de médicaments par an à la poubelle ! Autre argument avancé, cette pratique existe dans de très nombreux pays. L’amendement a reçu un avis favorable de la rapporteure, la députée Véronique Riotton (LREM) et un avis de sagesse (ni favorable, ni défavorable, s’en remettant à la “sagesse” des parlementaires) de la secrétaire d’État Brune Poirson. Du côté des professionnels du médicament, on est opposé de longue date à cela. En 2018, le Leem (Les entreprises du médicament) expliquait qu’il s’agissait d’une « fausse bonne idée pour lutter contre le gaspillage de médicaments ». Et le Leem d’expliquer : « Les entreprises du médicament partagent pleinement les objectifs de bon usage du médicament et de lutte contre le gaspillage. Toutefois, elles mettent en garde contre une mesure franco-française de dispensation à l'unité qui risquerait de mettre en cause la qualité des médicaments, leur sécurité et leur traçabilité jusqu'aux patients sans apporter de solution probante au gaspillage de médicaments (…) La dispensation de médicaments à l’unité n’est pas une réponse pertinente au gaspillage. Le gaspillage provient de prescriptions inappropriées et d'une mauvaise observance des patients. La vente de médicaments à l’unité ne génèrera pas d’économies car elle implique de rémunérer le pharmacien, en contrepartie du temps passé à déconditionner les médicaments de leurs boîtes puis les reconditionner à l’unité ». Comme d’habitude, personne ne semble avoir demandé l’avis des personnes concernées : celles qui prennent ces médicaments.