Les nuits parisiennes s’exposent

3 Janvier 2018
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"Depuis plus de deux siècles, Paris possède une véritable civilisation nocturne. La ville n'est entière que si on la considère avec ses nuits". C’est ce qu’expliquait (6 décembre) à l’AFP Antoine de Baecque, commissaire de l'exposition "Les Nuits parisiennes", présentée dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris, jusqu'au 27 janvier 2018. Des guinguettes au French Cancan de Pigalle, des caves de Saint-Germain aux brasseries de Montparnasse, sans oublier les "années Palace", la légende de Paris n'existerait pas sans ses nuits. Jusqu'au 27 janvier, dans les salons de la mairie de Paris, une captivante exposition retrace deux siècles de réjouissances nocturnes. Elles prennent leur essor au 18e siècle avec les tripots des jardins du Palais Royal, avant les bals populaires et les premiers music-halls. Tout démarre avec l'avènement de l'éclairage public par ordonnance royale de 1667. Un siècle plus tard, 7 000 réverbères à huile sont installés. Au 19e, Paris brillera de tous ses feux, décrochant son titre de ville-lumière : nulle part, l'éclairage urbain ne s'est développé aussi vite, rappelle l’AFP. En 1900, les nuits parisiennes emploient un million de personnes dans les cafés, brasseries, théâtres et cabarets. Les grands boulevards, Montmartre, Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés et les Champs-Elysées deviennent les lieux les plus attractifs. En 2016, la mairie de Paris estimait à 600 000 les travailleuses et travailleurs nocturnes. L’exposition évoque le travail du sexe qui a employé jusqu'à un million de "petites femmes", contribuant à la réputation de la capitale française, jusqu'à la fermeture des maisons closes en 1946. L’exposition propose un parcours chronologique enrichi de 300 objets (dessins, affiches, photographies et archives vidéo) et rend hommage aux grandes figures de la nuit parisienne : Régine qui ouvre la première discothèque parisienne, le "Whisky à Gogo", en 1947 ; Fabrice Emaer et le légendaire Palace rue du faubourg Montmartre, etc. "Depuis les années 2000, la violence du changement sociologique de Paris n'est pas favorable à la nuit", estime Antoine de Baecque, pointant du doigt la gentrification. "Avec la chasse aux nuisances sonores et l'interdiction de fumer, la moitié des établissements de nuit a fermé", déplore-t-il. "La nuit peut revivre avec des lieux importants, mais avec des nuits qui coexisteront sans se rencontrer", dit-il. "Je reste optimiste sur la vitalité des nuits parisiennes, mais quelque chose s'est perdu".
"Les Nuits parisiennes", du Palais-Royal au Palace, exposition gratuite, salons de l'Hôtel de Ville de Paris (en face du BHV), jusqu'au 27 janvier.