Les propos de Collomb ne plaisent pas à la Cimade

6 Juillet 2017
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La Cimade n’a pas du tout apprécié les propos du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, en déplacement à Calais le 23 juin dernier. Le ministre a cru bon, en effet, de s’adresser aux associations de solidarité et à leurs bénévoles, en les invitant à "aller déployer leur savoir-faire ailleurs". Pour la Cimade, cette sortie ministérielle "provoque l’indignation des acteurs de la solidarité pour qui le devoir d’humanité impose d’être précisément là où des êtres humains sont en souffrance". Dans le même communiqué, les membres de la Cimade ont tenu à "exprimer leur forte inquiétude face aux signaux et aux premières actions de politiques publiques concernant les questions migratoires. "Le premier de ces signes a été de confier, une fois de plus, la totalité de la politique migratoire au seul ministère de l’Intérieur, privilégiant une vision sécuritaire de la question. Ce choix réitéré d’une concentration des prérogatives au détriment d’une approche résolument interministérielle accrédite malheureusement, à nouveau, la perception selon laquelle l’immigration représenterait un problème ou une menace. Avec, de plus, la poursuite d’une opposition sans nuance et loin de la réalité complexe des exils actuels, entre personnes réfugiées et personnes migrantes", précise le communiqué. Par ailleurs, les militantes et militants de la Cimade s’alarment "des violations d’une ampleur inédite des droits les plus élémentaires des personnes migrantes dans le Calaisis et le Dunkerquois, à la frontière franco-italienne, ou dans le nord de Paris. Traque permanente, gazages, confiscations de biens, entraves diverses pour l’accès à l’eau, à la nourriture ou aux soins, privations illégales de liberté, refoulements illégaux, etc., et répression des citoyens solidaires. Face aux situations humainement inacceptables dans lesquelles se trouvent des milliers d’exilés en France, le gouvernement semble persévérer dans un déni de réalité. Il n’a pris à ce jour que des mesures répressives et poursuivi des pratiques administratives et policières indignes et inacceptables. Pire, il les a même défendues devant les tribunaux saisis en urgence, et il continue à harceler et menacer les citoyens et associations solidaires des personnes étrangères", dénonce la Cimade. L’ONG rappelle aussi que la France, dans un passé récent, a déjà été condamnée à cinq reprises par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour des pratiques jugées inhumaines et dégradantes d’enfermement en rétention de familles avec enfants en bas âge. C’était sous la mandature de François Hollande. "Les nouvelles autorités françaises ont poursuivi ces pratiques en maintenant en centre de rétention pendant 14 jours une famille avec un enfant âgé de deux ans et demi. En contradiction avec le discours du Président de la République [Emmanuel Macron] à Bruxelles, les politiques publiques en France continuent de s’inscrire dans la logique répressive des politiques migratoires de l’Union européenne sur son territoire, à ses frontières et en amont", explique l’ONG. Dans son communiqué, la Cimade "réclame en urgence du Président de la République des orientations claires, des mesures et des moyens nouveaux pour une politique migratoire d’hospitalité, fondée sur le respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes étrangères, à la hauteur des enjeux qui se posent à la France et à l’Europe aujourd’hui.