Limitations d’ordonnances pour le tramadol

21 Janvier 2020
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Le tramadol ne pourra bientôt plus être prescrit que pour une durée maximum de trois mois au lieu d’un an auparavant. C'est ce qu'a décidé l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) pour limiter les risques de mauvais usage de ce médicament de la famille des opioïdes. Cette mesure entrera en vigueur le 15 avril prochain. Au-delà de trois mois, la poursuite du traitement par tramadol (voie orale), seul ou associé à d’autres molécules (paracétamol dans Ixprim, par exemple), nécessitera une nouvelle ordonnance, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. « Pour renouveler l’ordonnance le patient devra revenir chez le médecin, cela permettra de réévaluer la douleur, s’il n’en prend pas trop et risque de devenir dépendant », explique Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et des stupéfiants à l’Agence. « Il y a encore des médecins et des pharmaciens qui ne savent pas que c’est un opioïde », déplore-t-elle. Contrairement aux autres antidouleurs (paracétamol, aspirine...), les opioïdes, qui regroupent les médicaments qui présentent les mêmes propriétés que l’opium, peuvent entraîner une forte dépendance, rappelle l’AFP. Ils exposent donc à un risque de dépendance, de surdosage et de dépression respiratoire pouvant conduire au décès. Des problèmes en hausse en France ces dernières années, même si la situation est sans commune mesure avec la catastrophe sanitaire que connaissent les États-Unis où les opioïdes obtenus sur ordonnance ont causé 17 087 décès en 2016. L'ANSM se veut vigilante sur la question des opioïdes. Le nombre d’hospitalisations liées à la consommation des médicaments opioïdes a presque triplé (+ 167 %) entre 2000 et 2017, tandis que le nombre de décès a bondi de 146 % entre 2000 et 2015, avec « au moins quatre décès par semaine », selon un rapport rendu public en février 2019. Les enquêtes du réseau d’addictovigilance montrent un « mésusage croissant » du tramadol. C’est ainsi le premier antalgique opioïde cité dans une enquête de 2018 sur les usages problématiques à la fois chez les personnes usagères de drogue, mais également dans la population générale pour le traitement de la douleur. On observe une dépendance avec des signes de sevrage survenant même lors de prises à doses recommandées et sur une courte période, entraînant une prise persistante par des patients-es qui ne présentent plus de douleur. Le tramadol est le premier antalgique impliqué dans les décès liés à la prise d’antalgiques, devant la morphine (enquête DTA données 2017), et le deuxième antalgique le plus fréquemment retrouvé sur les ordonnances falsifiées présentées en pharmacie, derrière la codéine (enquête OSIAP données 2018).