Littératie et observance

7 Juin 2018
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Le Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé (Synprefh) a organisé tout récemment le congrès Hopipharm. A cette occasion, Pierre Sonnier, chargé de projet éducation patient au Comité régional d'éducation pour la santé (Cres) Provence-Alpes-Côte-D’azur (Paca) y a fait une intervention sur les difficultés de compréhension des personnes prenant des traitements qui peuvent être telles qu’elles influent sur l'observance. Comme le rappelle l’APM qui a suivi ce congrès, les difficultés de compréhension sont un déterminant de comportements : elles jouent sur l'observance, les visites chez le médecin et ont des répercussions médico-économiques. Ainsi, un faible niveau de littératie (aptitude à lire, à comprendre et à utiliser l'information écrite dans la vie quotidienne) en santé se traduit par une moins bonne qualité de communication avec le médecin et plus d'hospitalisations, a mentionné Pierre Sonnier en rappelant que la littératie en santé recouvre "les caractéristiques personnelles et les ressources sociales nécessaires afin d'accéder, comprendre, évaluer et utiliser l'information et les services pour prendre des décisions en santé", selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé. Il existe cinq niveaux de littératie. En France, 50 % de la population se classe dans les deux premiers niveaux (niveau 1 : difficulté à lire un texte simple (21,6 %); niveau 2 : lit uniquement de la documentation simple et s'appuie sur les autres pour l'interprétation, 36 %), détaille l’APM. Autrement dit, la moitié de la population n'est "pas à l'aise" quand on lui fournit des documents d'information. Dans la relation avec la personne suivie, que ce soit pour de l'éducation thérapeutique ou pour fournir des explications sur les traitements, Pierre Sonnier a conseillé aux pharmaciens hospitaliers de ne pas multiplier les informations (pas plus de trois ou quatre), de partir des commentaires faits par la personne elle-même, de favoriser la reformulation. Il a aussi mis en garde contre la "tendance à jargonner" qu'ont les professionnels de santé. Sante Publique France doit publier un guide sur la littératie prochainement, a indiqué Pierre Sonnier, qui a aussi recommandé d'associer les associations de patients et d’usagers dès la conception d'outils d'information et non pas seulement dans la phase de test.