Loi prostitution : Le client ne doit pas être la priorité

26 Mai 2014
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Le client ne doit pas être la priorité de la proposition de loi sur la prostitution, a estimé (21 mai) à Paris une association qui accompagne les travailleuses du sexe, et réclame que le texte aille plus loin sur la prévention et la lutte contre les réseaux. "Nous sommes très réservés sur la pénalisation du client", prévue par le texte adopté en décembre 2013 par l'Assemblée nationale, a ainsi expliqué Thierry des Lauriers, directeur général de l'association "Aux captifs la Libération". Créée en 1981 par un curé, l'association aide et accompagne les sans-abri et les travailleurs et travailleuses du sexe. Elle a été auditionnée par la commission spéciale du Sénat chargée d'examiner le texte avant son passage, encore non programmé, en séance, indique l’AFP. Pour l'association, la pénalisation du client risque d'avoir pour conséquence d'amener les personnes qui se prostituent "à se cacher encore plus" et de les exposer à plus de violence. "Nous craignons que cela soit le paravent qui cache le manque de volonté politique de lutter contre les réseaux de traite", qui doit être "la priorité", a insisté le responsable de l’association. Globalement, l'association est "plutôt favorable à la proposition de loi", notamment concernant la suppression du délit de racolage ou la création d'un fonds dédié à l'accompagnement social et professionnel des travailleuses du sexe. "Il va aussi falloir être très vigilant sur les 20 millions d'euros" promis par le gouvernement pour le fonds dédié, a expliqué l’association lors de son audition.

Commentaires

Portrait de Lomuse

L'ensemble des structures intervenant auprès des personnes prostituées et travailleurs-ses du sexe sont auditionnées et il me semble que la majorité à ce jour est plutôt défavorable à la proposition de loi pénalisant le client...

La loi sur la sécurité intérieure de mars 2003 n'a fait que renforcer les difficultés pour les personnes, les violences exercées par les clients et les contraintes, les isolant. Il est plus difficile pour les intervenants d'approcher le public en "out call" ou à la rue car il s'éloigne de plus en plus, ce qui fragilise son accès à la prévention. 

Robert Badinter a donné un éclairage autre lors de son audition, comparant les politiques sanitaires des divers pays ayant légiféré en la matière et sur ce point : cela n'a fait que renforcer les risques de transmissions à VIH, hépatites et IST et les violences engendrées à l'égard des personnes.

Pour lire l'ensemble des auditions sur ce théme, et se faire par soi même une idée des idées avancées par les associations devant le Sénat, un lien : http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20140512/cs_prostitution.html

Et un lien sur le site du Sénat qui permet de voir les vidéos des différents acteurs auditionnés : http://videos.senat.fr/video/videos/2014/video22372.html