Loi prostitution : l’impasse sur le volet "social"

9 Novembre 2016
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Six mois après le vote de la loi de pénalisation du client de la prostitution, où est donc passé le volet dit social, de réinsertion des travailleurs et travailleuses du sexe ? Fer de lance de la loi, décrite comme une avancée pour la sortie du "système prostitutionnel", on peinait à en voir les prémices et les actions. Durant les discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2017), cette enveloppe vient d’être réduite de plus de la moitié. Le budget annoncé comme indispensable et nécessaire est amputé pour atteindre seulement 6,6 millions d’euros. Pourtant en 2013, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des Femmes, était formelle : "C’est un effort dédié de 20 millions d’euros par an sur le budget de l’Etat qui sera dégagé pour soutenir cet accompagnement spécialisé, un meilleur accès au droit, des programmes de réduction des risques. Cet effort correspond à dix fois les crédits actuellement consacrés par l’Etat au soutien aux associations. Cet engagement que nous prenons ne peut être plus clair". Un renoncement problématique pour les associations : "Si à l’instar de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), on estime à 30 000 le nombre de travailleurs-ses du sexe en France, le budget prévu pour la "sortie de la prostitution" s’élève donc à 10,6 € par mois par personne", s’est indignée l’association AIDES. D’autant que sur le terrain, les conséquences du volet répressif sont déjà délétères et dénoncées par plusieurs associations comme le Strass ou AIDES. "Les travailleurs-ses du sexe s’isolent, la précarité augmente. Les clients sont certes moins nombreux mais plus déterminés, leur capacité de négociation s’en trouve accrue sur les pratiques et sur l’usage du préservatif ; les violences à l’encontre des personnes se multiplient, et les forces de l’ordre refusent encore trop souvent d’enregistrer les plaintes", liste AIDES dans une lettre ouverte aux Parlementaires. L’association dénonce ce qu’elle redoutait déjà : "La loi prétendue globale se révèle bien être ce qui était dénoncé : une loi de prohibition purement idéologique". Depuis le vote de la loi sur la pénalisation des clients de prostituées en avril, un client est passible d'une amende de 1 500 euros, pouvant monter à 3 750 en cas de récidive.