Louisiane : les détenus séropositifs privés de soins

8 Avril 2016
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L’Etat de Louisiane ne fournit pas de services élémentaires en matière de VIH à des milliers de personnes détenues dans les prisons locales, ce qui met en danger la santé des personnes et des communautés dans lesquelles elles retournent ensuite, une fois libérées. C’est ce qu’explique l’ONG Human rights watch (HRW) dans un rapport publié le 29 mars ("Le prix à payer : absence de services élémentaires en matière de VIH dans les prisons de la Louisiane"). Ce document pointe "l'insuffisance — voire l'absence — de tests de dépistage, de traitement et de corrélation avec les soins dans les prisons". Seule une poignée parmi les 104 prisons locales de l'Etat propose des tests de dépistage du VIH à chaque nouvel arrivant, comme le Centre de contrôle des maladies (Center for disease control - CDC) du gouvernement américain, le recommande. "Dans de nombreux centres de détention, le traitement VIH est retardé, interrompu ou totalement non assuré", dénonce l’ONG. La continuité des soins, lorsqu’elle est assurée en détention, est interrompue du fait de l'incapacité de proposer aux anciens prisonniers séropositifs un lien avec les soins médicaux lorsqu'ils sortent de prison. Dans un communiqué (29 mars), Human Rights Watch indique que ce rapport a été publié à l’occasion de la Journée de sensibilisation du Réseau pour le plaidoyer du sida en Louisiane ("Louisiana aids advocacy network"). "La Louisiane est l’épicentre de deux épidémies aux Etats-Unis avec le taux le plus élevé de nouvelles infections au VIH et un taux d'incarcération supérieur à la moyenne nationale", a expliqué Megan McLemore, chercheure senior auprès de la division Santé et Droits humains à Human rights watch et auteure du rapport. "L'absence de traitement touche à la fois les personnes infectées par le VIH et l’ensemble de la communauté, du fait que les personnes incarcérées finissent par sortir de prison", a-t-elle pointé. Pour ce rapport, Human Rights Watch a interrogé plus de 100 personnes, parmi lesquelles des détenus récemment libérés, du personnel médical pénitentiaire, des prestataires de services en matière de VIH, des responsables de services de santé, des shérifs et l'administration pénitentiaire ainsi que des défenseurs publics, des procureurs et des juges. "La Louisiane consacre des milliards de dollars à ses prisons, mais ne trouve pas les fonds nécessaires pour dépister et traiter le VIH en milieu carcéral", a dénoncé Megan McLemore. "Cela n'est pas acceptable sur le plan de la santé publique ou des droits humains et engendre des problèmes médicaux plus coûteux à long terme".