Malawi : les travailleuses du sexe s’unissent

26 Novembre 2012
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Au Malawi, les travailleuses du sexe sont environ 20 000. Elles ont formé (9 novembre) une alliance destinée à défendre leurs intérêts face aux tracasseries et discriminations dont elles disent faire l'objet et qui devrait aussi leur permettre de mieux se protéger contre le VIH/sida, indique l’AFP. "Le temps est venu pour vous de discuter de vos problèmes, de comment la police et les tribunaux vous traitent, et comment vous pouvez accéder sans tracas à des services de santé sexuelle et gynécologique", a lancé l'avocat des droits de l'homme Chrispin Sibande devant cinquante travailleuses du sexe réunies à Lilongwe, la capitale, pour lancer leur alliance. Cette nouvelle organisation, qui a reçu le soutien d’organisations non gouvernementales locales et internationales ainsi que du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), est le premier groupe rassemblant des travailleuses du sexe dans ce pays pauvre d'Afrique australe où la prostitution n'est pas interdite. Humphreys Shumba, responsable d'un programme de l'UNFPA sur le VIH/sida, a assuré aux travailleuses que leur alliance était "un regroupement important dans la lutte contre le VIH." Selon les experts, au moins 70 % des travailleuses du sexe malawites sont séropositives. Pourtant, remarque Humphreys Shumba : elles sont en grande partie "marginalisées" et exclues des programmes de santé gouvernementaux. Parmi le million de personnes séropositives que compte le Malawi — sur 14 millions d'habitants — 380 000 reçoivent gratuitement des antirétroviraux, contre 5 000 en 2004. Quelque 50 000 personnes seraient contaminées tous les ans. Pour Mary Kumbweza Banda, qui préside la Commission nationale du sida, "il pourrait y avoir une plus grande utilisation de préservatifs, davantage de tests du VIH, le dépistage des maladies et un meilleur accès aux thérapies antirétrovirales" en responsabilisant les travailleurs du sexe. Les 20 000 travailleuses du sexe du pays se plaignent souvent d'être victimes de vexations et de discriminations de la part de la police. Quatorze travailleuses du sexe malawites forcées de passer un test du VIH après avoir été arrêtées par la police il y a trois ans ont fait parler d'elles fin 2011 en attaquant le gouvernement en justice pour "action injuste et violation de leur vie privée". Les prostituées, toutes testées positives, avaient été inculpées pour avoir fait commerce de leurs charmes alors qu'elles avaient une maladie sexuellement transmissible. Elles avaient alors été condamnées à une amende de 1 200 kwashas (7 dollars), puis relâchées. Dans ce contexte, on comprend mieux qu’elles aient choisi, aujourd’hui, de s’unir pour renforcer leurs droits.