Marché noir pour Kaletra

23 Avril 2020
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Plus de 20 essais cliniques dans le monde testent Kaletra (lopinavir et ritonavir) en tant que traitement anti-Covid-19. Le ministère russe de la Santé l'a recommandé comme traitement possible de cette infection à la fin du mois de janvier, après que la Chine eut signalé qu'il était bénéfique, mais a ajouté plus tard que son efficacité était incertaine et restait à prouver. Cela n'a pas dissuadé les spéculateurs-rices de parier que sur une éventuelle pénurie de ce médicament, également produit en tant que générique en Russie sous le nom de Kalidavir, indique une enquête de l'agence de presse Reuters. « Il y a trois mois, les gens nous achetaient Kaletra sans grand enthousiasme pour 900 roubles la boîte », a expliqué un commerçant en ligne de médicaments contre le VIH en Russie. « Maintenant, en anticipant les interruptions (d'approvisionnement), les gens achètent entre 100 et 700 boîtes chez nous, à 3 800 roubles la boîte. Surtout, les gens achètent (Kaletra) dans le but de le revendre à un prix très élevé », explique l'enquête de Reuters. Les revendeurs espèrent en obtenir 7 000 à 8 000 roubles par boîte. En Russie, les médicaments anti-VIH sont achetés en gros par les autorités de santé russe et distribués gratuitement aux personnes vivant avec le VIH enregistrées pour suivre un traitement. Elles doivent avoir un passeport russe. Le pays se trouve régulièrement confronté à de tensions d'approvisionnement voire des ruptures, ce qui obligent certaines personnes à se fournir (à leurs frais) dans les pharmacies pour se dépanner. Le directeur de la H-Clinic de Saint-Pétersbourg, qui se spécialise dans les maladies infectieuses et tient un stock pour couvrir ces besoins, a déclaré à Reuters que sa pharmacie avait été inondée d'appels ces dernières semaines par des personnes vivant avec le VIH inquiètes. De fait, la version générique de Kaletra semble moins disponible et livrée « en plus petites quantités à certaines pharmacies et cliniques de lutte contre le sida », indique Reuters. Un militant de la lutte contre le VIH a expliqué à l'agence de presse que certains revendeurs allaient jusqu'à proposer aux personnes traitées avec Kaletra de racheter leurs traitements, à un prix très élevé.