Mariage pour tous : Chantal Jouanno fait débat

14 Janvier 2019
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« Nous n'interdisons aucun thème » lors du « grand débat national » voulu par Emmanuel Macron, y compris celui du mariage pour tous, a déclaré (7 janvier) Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) chargée de son organisation. Cette belle sortie, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et ancienne sénatrice l’a faîte sur Europe 1, en commentant les résultats de la consultation en ligne lancée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), dont la contribution la plus votée réclame l'abrogation du mariage pour tous. Interrogée, Chantal Jouanno a assuré que « si des personnes veulent organiser une réunion pour rouvrir ce débat, elles sont parfaitement libres de le faire ».  « Nous n'interdisons aucun thème, ensuite c'est au gouvernement de décider ce qu'il en fera ou pas », a-t-elle affirmé. Très bonne idée en effet, de prendre en compte une proposition qui ne vise rien de moins que de réduire les droits de certains couples… au motif qu’ils sont de même sexe. Assez rapidement, Chantal Jouanno a bien vu que cela coinçait. « Clarification de mes propos sur le mariage pour tous suite à la consultation du Cese : j’indiquais que chacun est libre d’organiser un débat sur le sujet qu’il souhaite. Il n’est pas dans mon pouvoir de censurer les sujets », a-t-elle indiqué, répondant à une interpellation de Têtu. « On ne débat pas des droits humains consacrés ! », a déploré le président de SOS homophobie Joël Deumier, pointant « le risque de libérer la parole homophobe ». Dans un communiqué, HES (Homosexualités et Socialisme), réagissant à cette idée de débattre une fois encore du mariage pour tous, dénonce le « coup du débat permanent ». « Lancée par le Conseil économique, social et environnemental, une consultation en ligne organisée à la suite du mouvement des Gilets jaunes, ouverte à tous, était censée préfigurer une grande consultation nationale voulue par le gouvernement. Devant cette opportunité de polluer, à nouveau, le débat public, les mêmes groupuscules qui ont choisi de dégrader, par une participation organisée et injurieuse, les débats de bioéthiques l’année passée se sont mobilisés pour demander l’abrogation du mariage pour tous, à l’heure où, notamment, la question du niveau de vie occupe nos concitoyens-nes », explique Lennie Nicollet, président d'HES. Il a particulièrement réagit aux propos de Chantal Jouanno. « À nouveau, en considérant qu’il est « admissible » de débattre de la loi Taubira, c’est un blanc-seing perpétuel à l’homophobie qui est fait. Cela en fait un petit subside du débat public, légitime et recevable, pour tenter de calmer les colères ou angoisses de groupes sociaux divers et variés. Cette position cynique et ce jeu tordu, où l’exécutif pourrait se placer en restaurateur de la concorde après avoir permis la réouverture de la boite de pandore de la haine, entrainant des agressions physiques et verbales contre les personnes LGBTI+ sont indignes. On ne saurait se prétendre démocrate en pensant valable de revenir sur les droits et libertés pour n’importe quel-le citoyen-ne. Il n’est pas admissible qu’on puisse laisser penser que l’homophobie serait un paramètre acceptable de notre société et du débat public. En aucun cas, le mariage pour tous ne saurait être légitimement remis en question, et servir dans un jeu du débat permanent, agité par les mêmes groupuscules minoritaires, serviles et agités au service d’un projet de société excluant et discriminant ».