Médicaments : quels usages durant la crise ?

5 Juillet 2020
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Le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et la Caisse nationale d’assurance maladie, a publié les résultats d’une étude de pharmaco-épidémiologie portant sur la dispensation sur ordonnance en pharmacie d’officine de médicaments remboursés pendant les huit semaines de confinement et la première semaine post-confinement. Cette étude est réalisée à partir des données du système national des données de santé (SNDS). Elle a pour objectif de « caractériser les comportements de consommation de la population vis-à-vis des médicaments prescrits en ville, qu’ils soient en lien ou non avec la Covid-19 ». Et cela, dans le contexte particulier de l’épidémie de Covid-19 et du confinement. Epi-Phare s’est appuyé sur l’analyse de 725 millions d’ordonnances, comparant 58 classes thérapeutiques, et comparant le nombre de personnes ayant eu une délivrance de médicaments remboursés en pharmacie chaque semaine depuis mars 2020 au nombre « attendu » estimé sur la base de la même période en 2018 et 2019. « Les résultats après huit semaines de confinement et une semaine post-confinement montrent que durant cette période, la consommation de médicaments de ville en France a été profondément modifiée », indique un  communiqué de l’ANSM. Ils mettent en évidence une « forte baisse de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients pendant le confinement (-39 % pour les antihypertenseurs, -48,5 % pour les antidiabétiques et –49 % pour les statines) ». Ces résultats corroborent la « baisse de l’activité de médecine de ville malgré le développement de la téléconsultation. Ces baisses correspondaient à plus de 100 000 patients hypertendus, 37 500 diabétiques et 70 000 personnes relevant d’un traitement par statines et non traitées ». Un retard a aussi été constaté concernant les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux tels que coloscopies (-62 %), scanners (-38 %) et IRM (-44 %). « Les examens non pratiqués de coloscopies (-180 000), IRM (-200 000), scanner (¬375 000) indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves en poussée, pourraient entraîner des retards de prise en charge », estime le communiqué. À l’inverse,  certaines classes thérapeutiques ont vu leur utilisation augmenter en fin de confinement et lors de la première semaine de post-confinement, en particulier les hypnotiques (+ 6,9 % la première semaine post-confinement) et à un degré moindre les anxiolytiques (+ 1,2 % la première semaine post-confinement). Comme plusieurs enquêtes le soulignent, le confinement et ses conséquences sociales, professionnelles et économiques ont pu engendrer des troubles du sommeil et de l’anxiété. Les antidépresseurs n’étaient pas concernés par cette hausse à l’issue immédiate de la période de confinement.