Migrants aux frontières : les chiffres bondissent

14 Juillet 2018
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Le nombre de personnes migrantes refusées aux frontières françaises a bondi depuis 2015, affirme la Cimade qui s'est procuré des chiffres officiels et qui les a publiés dans un rapport dans lequel l’organisation non gouvernementale parle d’une politique qui s’appuie sur "un détournement de la lutte antiterroriste pour contrôler la migration" au sein d'"une Europe qui s'enferme". Le nombre de "non-admissions" s'est élevé l'an dernier à 85 408, soit 34 % de plus qu'en 2016 (63 845 refus d'entrée), assure l'association sur la base de chiffres de la police aux frontières, indique l’AFP. En 2015, année du rétablissement des contrôles aux frontières, 15 849 non-admissions avaient été prononcées. L'essentiel de ces décisions concerne la frontière franco-italienne, avec 44 433 non-admissions l'an dernier dans les Alpes maritimes (+42 % en un an) où les personnes migrantes ou réfugiées tentent de gagner la France en passant par Vintimille. Dans les Hautes-Alpes, les non-admissions ont bondi de 700 % à 1 899 au total l'an dernier. Dans les Pyrénées orientales, les refus sont passés de 26 en 2015 à 4 411 l'an dernier. Comme le note la Cimade, la France a officiellement réintroduit les contrôles aux frontières intérieures après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, et les a, ensuite, reconduits par période de six mois, rappelle la Cimade dans son rapport intitulé "Dedans, dehors : une Europe qui s'enferme" et publié le 27 juin. Au total "le rétablissement des contrôles aux frontières a principalement permis une augmentation de pratiques existantes liées aux contrôles migratoires bien plus que l'identification ou l'interdiction d'entrée de personnes suspectées de terrorisme", avance l’association. Ces contrôles aux frontières "sont accompagnés de moins de garde-fous juridiques" et "impliquent plus de risques de contrôles au faciès, pourtant interdits", ajoute le rapport, qui s'inquiète de "mise en danger" et de "violation des droits" des personnes exilées. Ces critiques font écho au rapport récent de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) qui s'était dite "profondément choquée" par les traitements des personnes migrantes à la frontière franco-italienne. Les plus concernés par les non-admissions l'an dernier ont été les Soudanais (11 000) suivis des Guinéens (5 900), des Marocains (5 372) et des Ivoiriens (5 205), selon les chiffres publiés par l'association. La Cimade s'inquiète aussi de voir que parmi les personnes à qui la France a refusé l'accès, se trouvaient l'an dernier 17 036 mineurs — dont 13 500 dans les Alpes maritimes.