Migrants-es et VIH : le groupe SOS s’inquiète

2 Janvier 2020
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Le groupe SOS a récemment appelé « à développer des campagnes de prévention du VIH ciblées à destination des populations migrantes ». Si le groupe prend date de bons résultats concernant la lutte contre le VIH au niveau mondial ; ainsi, depuis 2010, la mortalité liée au sida a été divisée par deux. Il n’en demeure pas moins que pour le groupe SOS ces « bonnes nouvelles ne suffisent pas pour crier victoire ». « Aujourd’hui, en France et dans le monde, nous ne sommes pas tous égaux face au risque de contracter le VIH. Á ce titre, les populations migrantes représentent plus du quart (27 %) des nouveaux cas de VIH en Europe, et constituent à ce titre une population particulièrement importante en termes de santé publique, note le groupe SOS. Il estime que la « lutte contre le VIH/sida passe par une transformation de l’environnement dans lequel vivent ces populations. Cette transformation sociale ne se fera pas sans les premiers et premières concernés-es ». Face à ce constat, il fait des recommandations. Il s’agit d’abord de « développer des programmes de prévention à destination des populations migrantes reposant sur les principes de la santé communautaire, adaptés et pragmatiques » (ce qui existe déjà, mais sans doute pas suffisamment). Le groupe préconise aussi de « créer des centres de santé communautaire proposant une offre de santé globale à destination des personnes LGBTIQ+, tout en étant des lieux-ressource pour la formation des médecins de ville à la santé sexuelle pour toutes et tous ». Autre axe, mis en avant, la révision de la loi de 2016 sur la prostitution « en construisant avec les premiers-ères concernés-es les réponses aux enjeux de santé, de sécurité, d’insertion et d’accompagnement des personnes en situation de prostitution / travailleurs-euses du sexe et aux enjeux de mise à l’abri et protection des victimes du proxénétisme et de la traite des êtres humains ». Là encore, il faut indiquer que de tels programmes existent déjà, mais qu’ils se trouvent souvent privés de financements, puisque les pouvoirs publics financent d’abord les associations abolitionnistes. Directeur d’Arcat, Nicolas Derche accordait récemment une interview (4 décembre) au quotidien 20minutes. Il revenait sur la campagne de plaidoyer, lancée par Arcat et le Checkpoint Paris (groupe SOS) appelant à développer des campagnes ciblées de prévention du VIH, notamment à destination des populations migrantes, mais aussi d’autres populations et groupes clefs de l’épidémie de VIH. Interrogé sur les personnes migrantes et le VIH, il a expliqué : «  La population migrante est particulièrement exposée. Ainsi, parmi les nouveaux cas, en France, de contaminations au VIH chez les hétérosexuels en 2017, 75 % concernent des personnes nées à l’étranger, principalement en Afrique subsaharienne. Après les HSH, c’est la deuxième population clé en termes de taux d’infection au VIH. Et comme ces migrants viennent de la région du monde la plus touchée par le VIH, l’idée d’une « maladie importée », d’une contamination pré-migratoire, a longtemps eu cours et reste tenace encore aujourd’hui. Pourtant, contrairement aux idées reçues, de récents travaux européens [notamment l’étude ANRS-Parcours, en France, ndlr] démontrent qu’une importante partie d’entre eux est contaminée après leur arrivée en Europe. Parmi les migrants nés en Afrique subsaharienne vivant avec le VIH en France, environ un homme sur deux et une femme sur trois ont été contaminés après leur arrivée dans le pays ».