Migrants-es : un rapport charge l’Europe

15 Mars 2020
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Poursuites contre celles et ceux qui aident les migrants-es, associations harcelées, détournement de dispositions antiterroristes pour contrer les actions de secours : l’Europe est une « forteresse » qui « criminalise la solidarité », dénonce Amnesty International dans un rapport (en anglais) publié mardi 3 mars qui recense des cas problématiques dans au moins huit pays de l’Union Européenne. Le document, réalisé par l’ONG, s’appuie sur une recherche menée entre 2017 et 2019. Il critique l’utilisation « abusive des lois contre les passeurs et des mesures antiterroristes » pour décourager celles et ceux qui aident les réfugiés-es, migrants-es et demandeurs-euses d’asile. « Des actes d’humanité et de solidarité ne devraient jamais être considérés comme une menace pour l’ordre public et pour la sécurité nationale, (...) cela devrait aller de soi », a déploré, lors de la conférence de presse de présentation dudit rapport, Francis Perrin, vice-président de la section française d’Amnesty International. L’ONG brosse un panorama de la situation européenne, observant aussi bien des pays qui servent de points d’entrée (Grèce, Malte, Italie, Espagne, Croatie) que d’autres à l’intérieur de l’Union (France, Royaume-Uni, etc.). L’ONG y dénonce, dans chacun, des « poursuites judiciaires abusives ». Elle cite ainsi l’intimidation, le harcèlement et les poursuites envers des ONG dénonçant des renvois forcés illégaux en Croatie, le procès d’un guide de haute montagne français à qui l’on reprochait d’avoir donné des vêtements chauds à des migrants-es, les confiscations de navires de sauvetage en mer en Italie, ou encore l’incarcération pendant trois mois en Grèce de Sarah Mardini, réfugiée syrienne célèbre pour avoir sauvé des migrants-es en Méditerranée, et soupçonnée d’appartenir à un réseau d’aide à l’immigration irrégulière. Ceux qui se montrent solidaires des migrants-es sont régulièrement poursuivis pour « aide à l’entrée irrégulière » sur un territoire, comme des passeurs, regrette la chercheuse Rym Khadhraoui, un des contributrices du rapport. Amnesty International critique également l’invocation de la notion de « terrorisme » par la justice ou d’autres autorités.