Le régime qui préserve la planète

30 Janvier 2019
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Nourrir dix milliards d'êtres humains d'ici à 2050. Leur permettre de se nourrir sainement, tout en prenant soin de la planète. Cette question complexe a été traitée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et nombre d’experts-es. Des spécialistes ont récemment fait des recommandations dans un rapport (en anglais) coréalisé par la revue médicale The Lancet et l'ONG Fondation EAT. Nourrir sainement autant de personnes tout en préservant la terre… On pourrait le faire en divisant par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre et en doublant celle des fruits, des légumes et des noix, avancent ces experts-es qui prônent une « transformation radicale » de nos habitudes alimentaires. Pour protéger sa santé et l'environnement, il faudrait, selon eux, consommer chaque jour en moyenne 300 grammes de légumes, 200 grammes de fruits, 200 grammes de graines entières (riz, blé, maïs, etc.), 250 grammes de lait entier (ou équivalent), mais seulement... 14 grammes de viande rouge, soit dix fois moins qu'un steak de taille classique, détaille l’AFP. À défaut de viande rouge, les protéines pourraient provenir de la consommation de volaille (29 g), de poisson (28 g), d'œufs (13 g), voire de noix en tout genre (50 g), préconisent ces experts-es. Selon eux, un tel régime permettrait d'éviter environ « 11 millions de décès prématurés par an » dans le monde, soit un cinquième du nombre total de morts, alors que la population mondiale atteindra 10 milliards d'individus d'ici 2050. Ce rapport, qui a mobilisé pendant trois ans 37 experts de seize pays, établit un « régime de santé planétaire ». Son but : garantir un « équilibre entre les besoins en matière de santé humaine et les impacts environnementaux ». « Cela ne signifie pas que la population mondiale devrait manger exactement le même ensemble d'aliments », soulignent les spécialistes. Ce « régime complet » pourra être adapté localement selon « la culture, la géographie et la démographie ». Au niveau mondial, ce régime passe par « un doublement de la consommation d'aliments sains tels que les fruits, les légumes, les légumineuses et les noix ». À l'inverse, il faut « réduire de plus de 50 % la consommation d'aliments moins sains, tels que les sucres ajoutés (par exemple dans les sodas, ndlr) et la viande rouge », et éviter les aliments hautement transformés (par exemple, les plats tout préparés. « Plus de 820 millions de personnes n'ont toujours pas accès à suffisamment de nourriture, 2,4 milliards de personnes surconsomment, et au total, environ la moitié de la population mondiale a un régime alimentaire marqué par des carences en nutriments », selon le rapport. « La façon dont nous mangeons est l'une des causes principales du changement climatique, de la perte de biodiversité et des maladies non transmissibles » (obésité, maladies cardio-vasculaires, diabète, ndlr), a expliqué à l’AFP, l'un des auteurs-es de l'étude, le professeur Tim Lang, de l'Université de Londres. « De la même manière que notre système alimentaire a radicalement changé au XXe siècle, nous estimons qu'il doit changer radicalement au XXIe », a-t-il ajouté.