Moyen-Orient : une tendance inquiétante, mais des progrès

5 Juillet 2014
1 431 lectures
Notez l'article : 
0
 

La forte hausse des nouvelles infections par le VIH et l'accès limité aux soins restent les défis majeurs pour lutter contre le sida au Moyen-Orient malgré certains progrès, a expliqué (21 juin) à l'AFP le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé. Même si l'épidémie reste dans la région très "concentrée" sur les populations à risques — homosexuels, travailleuses du sexe, migrants, personnes consommatrices de drogues —, les nouvelles contaminations augmentent dans le monde arabe alors qu'elles sont en baisse de 35 % au niveau mondial. "On a des régions qui nous inquiètent, le Moyen-Orient et les pays du Maghreb (MENA), où on a constaté une augmentation assez rapide des nouvelles infections. On a des difficultés à contenir la maladie dans ces régions-là", a expliqué Michel Sidibé. Avec 225 000 personnes vivant avec le VIH et 22 000 cas supplémentaires en 2013, "l'épidémie n'est pas énorme, mais ce qui est inquiétant plutôt c'est la tendance de l'épidémie (...). En quelques années, on est passé d'à peine 10 000 [personnes infectées] à 225 000", a-t-il souligné en marge d'une conférence des décideurs régionaux sur la lutte contre le VIH/sida. Autre fait qui inquiète l’ONUSIDA : l'accès aux soins est extrêmement faible. Ainsi, quand des pays africains ravagés par l'épidémie ont des taux de couverture médicale atteignant 80 %, "au Moyen-Orient on n'a que 18 % de couverture" et seulement "11 % des enfants qui [vivent avec le VIH] ont accès au traitement", a expliqué le directeur de l’ONUSIDA. Les principaux obstacles dans la région sont "un très fort taux de stigmatisation et de discrimination" vis-à-vis des populations à risque et "toutes les politiques et loi qui sont pénalisantes" pour ces mêmes personnes. Michel Sidibé a néanmoins relevé des développements positifs, comme l'adoption par la Ligue arabe d'une première stratégie de lutte contre la maladie et d'une convention destinée à "protéger les populations vivant avec le VIH". Ces textes doivent encore être ratifiés par les différents pays membres… ce qui ne se fera pas sans problèmes. Le patron de l’ONUSIDA a notamment salué le changement de politique du Maroc vis-à-vis de l’usage de drogues, permettant une baisse des infections parmi les personnes consommatrices. "Je ne pense pas que le reste du monde soit plus tolérant que le monde arabe, je suis persuadé que c'est un problème d'approche, qu'on y arrivera", a insisté Michel Sidibé.