Mpox : analyse des décès

3 Mai 2023
898 lectures
Notez l'article : 
0
 

Sur les 38 personnes décédées du Mpox (Monkeypox ou variole du singe) aux États-Unis, la plupart étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) noirs, cisgenres, rapporte le site américain POZ. Et parmi ceux dont le statut VIH était connu, tous étaient en stade sida et seuls deux suivaient un traitement antirétroviral, selon une nouvelle analyse des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement antirétroviral avec une charge virale indétectable et des CD4 stables n’ont pas plus de risque de développer une forme grave du Mpox que les personnes séronégatives, mais il en va différemment pour les PVVIH dont l'immunodépression est à un stade avancé. Une précédente analyse des CDC avait révélé que plus de 80 % des personnes hospitalisées pour un Mpox grave aux États-Unis vivaient avec le VIH. La plupart d'entre elles étaient des hommes noirs qui ne suivaient pas de traitement antirétroviral. Dans cette nouvelle analyse, le Dr Aspen Riser de l'équipe d'intervention d'urgence Mpox du CDC et ses collègues ont examiné les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des décès associés au Mpox aux États-Unis entre le 10 mai 2022 — date du début de l'épidémie mondiale — et le 7 mars 2023. Au cours de cette période, les CDC ont recensé 30 235 cas confirmés et probables de Mpox. Tout au long de l'épidémie, la grande majorité des personnes atteintes du Mpox étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Au cours de la même période, les CDC ont analysé les 52 décès rapportés chez des personnes dont le Mpox était la cause confirmée ou probable. Parmi elles, 38 avaient le Mpox comme cause ou facteur contributif. Trois personnes sont décédées d'autres causes (dont un suicide) et onze décès font encore l'objet d'une enquête. Toutes les personnes décédées des suites du Mpox étaient des hommes cisgenres sauf une femme cisgenre et une femme transgenre. L'âge médian était de 34 ans. Parmi les onze personnes dont le statut de logement était connu, cinq étaient sans domicile fixe. Une personne décédée avait reçu au moins une dose du vaccin Jynneos Mpox, treize n'étaient pas vaccinées et 25 avaient un statut vaccinal inconnu. L'efficacité du vaccin pour les personnes souffrant d'une immunodépression avancée n'est pas encore clairement établie. Sur les 24 personnes vivant avec le VIH pour lesquelles des mesures étaient disponibles, toutes avaient un taux de CD4 inférieur à 200/mm3 - le seuil pour un diagnostic de stade sida — dont 23 qui avaient un taux inférieur à 50 CD4/mm3. Plus grave, seules deux personnes décédées suivaient un traitement VIH au moment de leur diagnostic de Mpox. Dix-neuf autres personnes ont commencé à prendre des antirétroviraux après le diagnostic de leur Mpox, mais elles n'ont pas eu le temps de récupérer leur taux de CD4 avant de décéder. Les chercheurs-ses ont noté que les disparités raciales dans les décès associés au Mpox correspondent aux disparités raciales et ethniques dans les diagnostics et la mortalité liés au VIH. « Les disparités et les obstacles sont apparents à tous les niveaux des soins du VIH, y compris la reconnaissance du risque de VIH, l'accès au dépistage, l'accès à la prophylaxie pré-exposition et au traitement antirétroviral, et la réception de ces traitements », ont déclaré les chercheurs-ses. Dans une lettre adressée le 15 avril à The Lancet, les experts du CDC Jesse O'Shea, John Brooks et Demetre Daskalakis (coordinateur adjoint de la réponse nationale au virus Mpox de la Maison Blanche) ont abordé l'émergence du virus Mpox en tant qu'infection opportuniste liée au VIH. Cette analyse montre à quel point les inégalités d’accès à la santé peuvent avoir des conséquences graves voire mortelles. Elle n’est pas transposable en France où, fort heureusement, les PVVIH ont un accès aux traitements VIH plus équitable qu’aux États-Unis. Par ailleurs, aucun décès lié au Mpox n’a été rapporté à ce jour en France selon Santé Publique France.