Nouveau plan homophobie

29 Novembre 2018
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La secrétaire d'État chargée de la lutte contre les discriminations et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a dévoilé (26 novembre) en conseil des ministres un « plan d'action » pour lutter contre les agressions homophobes, en « augmentation », et « rappeler que l'homophobie n'est pas une opinion », avait-t-elle annoncé (24 novembre).  « La ligne d'écoute de l'association SOS Homophobie explose », avec 37 % de témoignages en plus en septembre 2018 par rapport à septembre 2017, a-t-elle dit lors de son interview au Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-Les Echos. « Les chiffres du ministère de l'Intérieur nous disent qu'il y a aussi une véritable augmentation de ces agressions », a ajouté la ministre, citée par l’AFP. De janvier à septembre 2018, « les dépôts de plainte où apparaît le caractère homophobe » ont augmenté de 15 % par rapport à la même période, a précisé son cabinet. Le 23 novembre dernier (pour citer un exemple récent), c’est Lyes Alouane, militant de l’association Stop Homophobie qui, alors qu’il tractait dans un quartier de Gennevilliers, a été pris à partie par un groupe de jeunes hommes et roué de coups par l'un d'entre eux. Selon l'avocat du jeune homme, Me Etienne Deshoulières, « la police n'est pas intervenue malgré une demande d'intervention » par téléphone de son client dès les premières invectives et menaces.  Le jeune homme a affirmé à l'AFP avoir renoncé à déposer une plainte au commissariat de Gennevilliers, « vu l'accueil reçu » sur place. Il devrait porter plainte directement auprès du procureur de la République de Nanterre en début de semaine, a annoncé son avocat. Le président Emmanuel Macron a reçu cette semaine à l'Elysée « les principales associations LGBT » pour « travailler avec elles sur un plan d'action que je vais présenter demain en Conseil des ministres, puisqu'il y a des engagements interministériels », a précisé Marlène Schiappa. Ce plan comportera « un volet éducatif » de prévention et de sensibilisation à l'homophobie, mais aussi « un volet évidemment répressif » face aux violences, ainsi que des mesures spécifiques pour « l'outremer », par exemple, « où il y a un travail particulier à mener ». Plus généralement, « il faut rappeler encore que l'homophobie n'est pas une opinion parce que visiblement certains se servent de l'homophobie comme d'un argument, y compris dans des débats politiques », a dénoncé la ministre, qui a notamment pointé la Manif pour tous, Sens commun, Laurent Wauquiez ou encore Robert Ménard et Marine Le Pen. Si les violences homophobes augmentent, il en va aussi des condamnations. Un article du Monde (24 novembre) indique ainsi qu’un jeune homme de 19 ans vient d’être condamné, en comparution immédiate, à un an de prison pour avoir frappé un couple de lesbiennes. Certes le tribunal correctionnel de Paris n’a pas retenu la circonstance aggravante  d’homophobie que les plaignantes souhaitaient voir reconnue, mais dans sa défense, l’auteur des coups s’est présenté comme bisexuel… donc pas homophobe ou lesbophobe. Dans sa réquisition, la procureure avait expliqué : « Il n’y a pas suffisamment d’éléments pour affirmer de manière certaine que c’est l’orientation sexuelle des victimes qui a motivé l’agression. Tout ne démarre pas, comme dans certains dossiers, parce que quelqu’un voit un couple de même sexe s’embrasser ou se tenir la main en pleine rue », rappelle d’ailleurs Le Monde. Le tribunal correctionnel l’a suivie.