Nouvelle piste sur les réservoirs viraux

24 Décembre 2019
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L’introduction de médicaments antirétroviraux et de leur combinaison dans le traitement du VIH dans les années 90 a permis le contrôle de cette infection. Il n’en demeure pas moins que « l'incapacité à éradiquer complètement le virus de certaines cellules infectées, mécanisme appelé persistance, représente l'un des principaux obstacles à la rémission totale », rappelle l’ANRS, dans un communiqué (9 décembre dernier). Dans ce contexte, une équipe de chercheurs-ses coordonnée par Jérome Estaquier (Centre de recherche du CHU de Québec, Université Laval et l’unité Inserm 1124, Université Paris Descartes) ont cherché à identifier ces réservoirs cellulaires et tissulaires en se focalisant sur les lymphocytes T CD4, cibles du VIH. Dans leur étude soutenue par l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le programme CanCure, les chercheurs-ses ont administré à des macaques rhésus, dès le 4ème jour d’infection par le SIV (l’équivalent chez le singe du VIH), une thérapie d'ARV avec pour but de limiter la dissémination précoce du virus au sein de l’organisme. IL s’agissait d’éviter la création de réservoirs viraux. Les résultats de leurs travaux ont récemment paru dans la revue Mucosal Immunology. « Cette thérapie a, comme attendu, permis d'éviter l’infection des cellules T CD4 du sang et des ganglions périphériques », indique l’ANRS. Cependant, les chercheurs-ses ont observé un rebond viral indiquant l’établissement précoce de ces réservoirs dans d’autres organes. « Cette étude montre que les réservoirs viraux sont ici des lymphocytes T mémoires et helper, dont un sous-type spécialisé dans l'activation des cellules B, cellules qui produisent des anticorps nécessaires à l’élimination du virus », détaille le communiqué de l’ANRS. « L’établissement de ces réservoirs est observé dans les tissus viscéraux que sont la rate et les ganglions mésentériques qui drainent l’intestin grêle (…) et le colon. La détection de rétrotranscrits précoces du VIH suggère également une production virale sous-jacente, en dépit d’une thérapie hautement active ». Les chercheurs-ses concluent que « l’identification de ces cellules représente un élément clef dans notre compréhension des réservoirs viraux et des approches thérapeutiques pour le sida [donc chez l’être humain]. Nos résultats permettent d’imaginer des moyens d’empêcher l'infection des lymphocytes T, améliorant ainsi les potentielles stratégies vaccinales », concluent les chercheurs-ses.