Opiacés : Publicis attaquée

24 Mai 2021
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L’État américain du Massachusetts a attaqué jeudi 6 mai au civil la société Publicis Health, appartenant au géant publicitaire français Publicis, qu’il accuse d’avoir contribué à la crise des opiacés en aidant le laboratoire Purdue, le fabricant, à pousser les médecins à prescrire son médicament antidouleur OxyContin. « La responsabilité pour la crise des opiacés traverse toute l’industrie, depuis Purdue et la famille Sackler (propriétaire de la firme) jusqu’aux consultants-es et aux partenaires comme McKinsey et Publicis », a affirmé la procureure du Massachusetts, Maura Healey, dans un communiqué, cité par l’AFP. Dans la plainte déposée devant le tribunal du comté de Suffolk, la procureure affirme que, via des dizaines de contrats passés entre 2010 et 2019, d’une valeur de plus de 50 millions de dollars, « Publicis a engagé une myriade de stratégies injustes et trompeuses qui ont pesé sur la prescription d’OxyContin à travers le pays, y compris dans le Massachusetts. » La procureure cite des actions visant à « combattre les hésitations » des médecins prescripteurs-rices, à pousser les médecins à prescrire l’OxyContin plutôt que des opiacés plus faiblement dosés, et sur des durées plus longues. Ce sont autant d’éléments qui augmentent les risques de dépendance. Le Massachusetts demande au tribunal de constater que Publicis Health a « créé une nuisance publique » et de condamner l’entreprise à payer des dommages et intérêts « compensatoires » d’un montant non précisé. « Publicis Health agissait uniquement comme agence de publicité » et ne faisait qu’« exécuter le plan publicité de Purdue et acheter des espaces publicitaires »,  s’est défendu un porte-parole de Publicis Health. Les États américains ont attaqué, ces dernières années, non seulement Purdue, qui a déposé le bilan en 2019, mais nombre de sociétés qu’ils jugent co-responsables des ravages provoqués par l’OxyContin. En février, les États ont ainsi obtenu du cabinet de conseil McKinsey qu’il verse 573 millions de dollars pour solder les poursuites judiciaires lancées contre lui pour avoir contribué à la crise des opiacés. Depuis lundi 3 mai, trois grands distributeurs américains de médicaments opiacés comparaissent pour la première fois devant un tribunal fédéral de Virginie occidentale, accusés d’avoir inondé cet État, parmi les plus pauvres des États-Unis, de pilules antidouleur, provoquant des dizaines de milliers d’overdoses. La crise des opiacés a entraîné près de 500 000 morts dans le pays depuis 1999.