Opioïdes : la crise n’est pas réglée

28 Mars 2021
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L’argent comme solution. La famille Sackler, propriétaire du groupe pharmaceutique américain Purdue, a proposé, lundi 15 mars, de payer 4,28 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) dans le cadre d’un nouveau plan de sortie de faillite proposé pour solder les poursuites engagées contre Purdue par plusieurs États américains, indique Le Monde. Il est reproché au labo pharmaceutique Purdue et à la famille qui est en propriétaire d’être les principaux responsables de la crise des opiacés qui sévit depuis plusieurs années aux États-Unis et dans d’autres pays. En cause, une politique commerciale particulièrement aggressive pour inciter les médecins à prescrire à tour de bras des médicaments antidouleurs à base d’opiacés (dont l’OxyContin, puissamment addictif). Une stratégie commerciale qui est à l’origine d’une explosion des overdoses aux États-Unis : environ 500 000 morts depuis 1999. Purdue et donc son propriétaire sont poursuivis dans plusieurs États. Comme le souligne Le Monde, Les procureurs de plusieurs États ont jugé le montant de 4,28 milliards de dollars « insuffisant ». En septembre dernier, le laboratoire avait déposé le bilan, escomptant que cela mettrait fin aux poursuites. Mais le montage juridique avait été rejeté par une vingtaine de procureurs. En 2020, Purdue a passé un accord avec le ministère de la justice américain : elle crée une autre société dont la finalité serait de payer des dédommagements (notamment aux États) et de « développer des médicaments contre les overdoses et la dépendance ». Purdue a créé le problème, à lui de trouver la solution pour y remédier. Le labo annonce que ces nouveaux traitements seraient distribués à prix coûtant. L’article du Monde évoque une valse de chiffres entre les fonds de l’entreprise et les fonds de la famille Sackler qui s’est considérablement enrichie durant cette crise. Le montant total de l’affaire serait de dix milliards de dollars. Du côté des États, on considère que la proposition est insuffisante. Ainsi, dans un message publié sur Facebook et cité par Reuters, la procureure de l’État du Massachussetts, Maura Healey, a dénoncé une « insulte ». « Les Sackler veulent utiliser la catastrophe qu’ils ont créée pour s’acheter une immunité à un prix avantageux. Au terme de cet accord, ils repartiront plus riches », tacle-t-elle. Maura Healey prévoit, comme plusieurs de ses collègues, de demander des changements. L’affaire est donc loin d’être réglée.