Origines de la Covid-19 : point mort !

30 Août 2021
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La recherche des origines de la Covid-19 « est au point mort » et il est urgent de la reprendre, car plus le temps passe plus elle est difficile à mener, avertissent les experts-es auteurs-rices en mars dernier d’un rapport sur le sujet pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La quête des origines du virus Sars-CoV-2 est à un tournant critique » et « la fenêtre de tir pour mener cette enquête cruciale se referme rapidement », expliquent plusieurs experts-es dans un point de vue publié le 26 août par la revue Nature. « Les anticorps déclinent avec le temps : collecter des échantillons (animaux) et tester des gens qui pourraient avoir été exposés avant décembre 2019 donnera donc de moins en moins de résultats », mettent-ils-elles en garde. « Notre rapport (...) était destiné à être la première étape d’un processus qui est aujourd’hui au point mort », déplorent ces onze scientifiques, dont la Néerlandaise Marion Koopmans, le Britannique Peter Daszak, le Vietnamien Hung Nguyen-Viet ou le Qatari Farag El Moubasher. Ils-elles faisaient partie d’une équipe de 17 experts-es internationaux-les mandatés-es par l’OMS et 17 experts-es chinois-es, dont le rapport avait été publié le 29 mars, après une enquête menée en janvier à Wuhan (Chine), point de départ connu de la pandémie mondiale. Sans apporter de réponse tranchée, ce rapport listait quatre scénarios plus ou moins probables de ce qui avait pu se passer. Celui qui était jugé le plus vraisemblable était la transmission du virus à l’homme par l’intermédiaire d’un animal infecté par une chauve-souris. On avait alors évoqué le pangolin, mais l’animal a depuis été écarté de la chaîne de transmission. Très probablement, le virus ets passé de la chauve-souris à l’homme via un autre hôte animal, mais on ne sait pas lequel. Venaient ensuite les hypothèses d’une transmission directe sans animal intermédiaire, d’une transmission par la nourriture, notamment la viande (d’animaux sauvages) surgelée, et enfin d’une fuite accidentelle de laboratoire ; cette dernière hypothèse étant toutefois jugée « extrêmement improbable ». Depuis, « aucune donnée » soutenant « l’hypothèse d’une fuite de laboratoire n’a été ni publiée ni soumise à l’OMS », relèvent les experts-es. Leur rapport avait fait l’objet de critiques qui l’accusaient de minorer la responsabilité de la Chine ; ce d’autant que les autorités chinoises ont été très peu coopératives et ont multiplié les pressions diplomatiques. « L’équipe chinoise était et est toujours réticente à partager des données brutes », notamment sur les 174 premiers cas identifiés en décembre 2019, commentent ces scientifiques. Le 13 août, la Chine a rejeté l’appel de l’OMS à une nouvelle enquête sur place, en jugeant la première suffisante ; alors même qu’elle ne débouche sur rien. Par ailleurs, des médias américains ont rapporté mardi 24 août qu’un autre rapport demandé par le président Joe Biden à ses services de renseignement ne permettait pas de trancher la question sensible de l’origine du Covid, source de frictions entre Washington et Pékin. On ne sait pas quelle suite sera donnée à cette demande. Le risque étant qu’on ne sache jamais comment cette épidémie est apparue, une information qui serait pourtant essentielle pour faire face à d’éventuelles autres crises sanitaires de ce type.