Ouganda : la loi anti-homosexualité sera promulguée

Le président ougandais Yoweri Museveni signera in fine une nouvelle loi durcissant considérablement la répression contre les homosexuels en dépit de pressions occidentales, une loi controversée qu'il avait, dans un premier temps, refusé de promulguer. Le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo a indiqué (17 février) que le chef de l'Etat avait annoncé sa décision devant des membres du parti au pouvoir, le NRM (Mouvement national de résistance). "Cette loi est très populaire à la fois au Parlement et auprès de la société ougandaise", a-t-il expliqué. "Le président est sous forte pression dans son pays pour signer la loi", a-t-il ajouté. Mais face à cette décision, le président américain Barack Obama a d'ores et déjà exprimé son inquiétude. La loi en question, votée à une majorité écrasante le 20 décembre 2013 par le Parlement ougandais, prévoit notamment la prison à vie pour les récidivistes. Elle interdit également toute "promotion" de l'homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s'affichant ouvertement homosexuel-le. Un article sur la peine de mort a été rejeté ; la nouvelle législation a été très critiquée par les Etats-Unis, l'Union européenne ou encore l'ONU. Interrogés par l’AFP, des représentants de la communauté LGBT ougandaise ont indiqué que le climat se détériore pour eux depuis plusieurs semaines : "Il y a eu davantage d'arrestations ces dernières semaines. Et nous nous attendons à ce que cela empire". Dans un premier temps, le chef de l'Etat ougandais avait expliqué qu’il ne signerait pas le texte car la répression n’était pas la solution. Selon plusieurs sources, il semble que Yoweri Museveni ait changé d’avis après avoir consulté un groupe de scientifiques mis en place par le ministère de la Santé pour "étudier l'homosexualité et la génétique chez les êtres humains". "L'équipe de scientifiques a montré que l'homosexualité est un comportement appris, que certaines personnes adoptent parfois pour de l'argent, et c'est ce que le président veut empêcher", a, du coup, précisé le porte-parole présidentiel. L'homophobie est déjà très répandue en Ouganda, pays où le christianisme protestant de style américain fait des adeptes. Les hommes et femmes homosexuels y sont fréquemment soumis à des menaces ou subissent des violences. En 2011, un militant des droits des homosexuels en Ouganda, David Kato, avait été poignardé à mort à son domicile, après la publication dans un journal de noms, photos et adresses de présumés homosexuels vivant en Ouganda, sous le titre : "Pendez-les !".