Ouganda : la loi homophobe est annulée

5 Août 2014
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Elle était attendue, cette nouvelle, mais beaucoup n’espéraient pas une telle conclusion. La Cour constitutionnelle ougandaise a annulé (1er août) une loi anti-homosexualité qui avait suscité un tollé international. C’est une importante victoire pour les défenseurs de la cause homosexuelle en Ouganda, où la sexualité entre personnes de même sexe reste néanmoins punie de la prison à vie. Les juges ont estimé que le processus législatif était entaché de nullité, le quorum [nombre de députés en séance] exigé par la Constitution lors du vote au Parlement n'ayant pas été atteint. "L'adoption de la loi anti-homosexualité le 20 décembre 2013, sans quorum à la Chambre" contrevient à plusieurs articles de la Constitution, ne respecte pas la procédure parlementaire et "est donc nulle et non avenue", a déclaré le juge Steven Kavuma, présidant la Cour constitutionnelle. Cette décision a suscité la joie des requérants, des milieux LGBT et de l’ensemble des opposants à ce texte. L’ONUSIDA a ainsi salué (1er août) cette décision. "C'est un grand jour pour la justice sociale" et "la règle de droit a prévalu", a déclaré Michel Sidibé, directeur général d'ONUSIDA. Bien que l'homosexualité reste illégale en Ouganda, l'annulation de la loi "pourrait avoir des répercussions positives sur le plan de la santé publique", a expliqué l’ONUSIDA. Des études ont, en effet, montré qu'il y a moins de tests de dépistage du VIH menés dans les pays où les relations sexuelles entre hommes sont susceptibles d'emprisonnement. "Le président Yoweri Museveni m'a personnellement déclaré qu'il veut que l'Ouganda accélère sa réponse contre le VIH/sida pour que tout un chacun ait accès à des services qui peuvent sauver la vie", a ajouté Michel Sidibé. Le secrétaire général de l'ONU a, lui aussi, salué cette décision. "C'est une victoire du droit", a-t-il estimé dans un communiqué où il rend hommage aux militants des droits de l'homme ougandais qui ont combattu cette loi "en prenant parfois de grands risques personnels". Il demande cependant "de poursuivre les efforts pour décriminaliser les relations homosexuelles" et pour lutter contre la "discrimination dangereuse" qui prévaut encore en Ouganda contre les personnes LGBT. La décision de la Cour constitutionnelle ougandaise permet à Yoweri Museveni de ne pas être trop exposé aux critiques puisqu’il n’a finalement pas eu à abroger un texte qu’il avait promulgué… Reste à savoir si ce texte sera représenté de nouveau au parlement car son échec est lié à un problème technique et nullement à un désaccord sur le fond.