Parents séropositifs : quelles relations, quels enjeux ?

28 Juin 2016
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Aujourd'hui en France, la transmission du VIH de la mère à l'enfant est parfaitement maîtrisée et grâce au Tasp, faire un enfant quand on est séropositif ne relève plus du parcours du combattant. Lorsqu'un ou les deux parents sont séropositifs, le choix de parler de son statut sérologique peut emprunter des voies très diverses et les questionnements sont nombreux, particulièrement autour de l'âge auquel il faut l'annoncer à son enfant. Le dire le plus tard possible à l'entrée dans l'âge adulte pour protéger l'enfant, plutôt au tournant de l'adolescence ou l'aborder dès le plus jeune âge... Retarder cet instant, c'est épargner l'enfant d'une information lourde à porter, le préserver vis-à-vis de son entourage, mais c'est aussi instaurer un secret au cœur de la relation parent-enfant. Quand il s'agit de la séropositivité de l'enfant, les mêmes questions se posent autour du bon moment pour échanger sur le VIH, les traitements, les risques de contamination, les prémices de la vie amoureuse, etc. Quelle est votre histoire de père, de mère ? Etes-vous né-e avec le VIH ? Comment se vit cette relation au quotidien ? Venez en parler mardi 28 juin de 21h à 22h, pendant le chat thématique, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

7 à 8 personnes et exceptionnellement une grande majorité de femmes pour évoquer les relations des parents séropositifs avec leurs enfants. Des parcours différents, qui induisent des approches très diverses, mais qui partagent toutes une interrogation sur le moment et la manière d'informer un enfant sur le statut sérologique. En premier lieu se pose la question ou pas d'avoir un enfant : si certaines n'ont jamais envisagé d'être mère en raison de leur statut, pour d'autres, être née séropositive de parents séropositifs n'interdit pas d'enfanter, d'autant plus qu'aujourd'hui avec l'aide d'un médecin et des effets du TasP (traitement comme prévention), la procréation par des rapports naturels au sein d'un couple sérodifférent est possible et pratiquée, et augmente les chances de succès. Pour d'autres les enfants sont là, ils sont nés séronégatifs ou séropositifs, et c'est le statut des parents et celui des enfants qui amène plusieurs options. Lorsque des questions surgissent sur les traitements que prend le parent ou que lui doit prendre quand un autre membre de la fratrie n'en prend pas par exemple, les réponses partielles apportées tendent à retarder le moment où l'information sur le statut peut être communiqué à l'enfant. Quelques fois le pédiatre arbitre ce "timing" et recommande d'attendre. Protéger l'enfant, le préserver des autres, ne pas l'obliger à devoir cacher son statut, ou vivre caché, éviter le ressentissement qu'il pourrait exprimer à l'égard de ou ses parents quant à la transmission du virus, telles sont les motivations, qui conduisent parfois à ne jamais révéler son statut à l'enfant. Pour certains, les enfants savent intuitivement, pour d'autres, même quand le nom de la pathologie est révélé, celle-ci ne renvoie à aucune réalité vraiment concrète. Quand le statut est communiqué tôt, le médecin spécialiste, qui ne sera la plupart des cas pas le même que celui du parent, peut orienter peu à peu la compréhension de l'enfant. Il en va quelques fois de même quand l'enfant séronégatif accompagne sa mère chez le spécialiste, et va lui donner accès à une compréhension de son statut. Mais au-delà du rôle du médecin, le suivi d'un psy s'avère essentiel dans le parcours de l'enfant vers une compréhension et une acceptation, et il ne faut pas hésiter à en changer avant de trouver celui qui mette en confiance et libère la parole : de préférence ceux qui ont une expérience de suivi pour le VIH. Si souvent le médecin ne propose spontanément cette possibilité, il ne faut pas hésiter à lui en parler. Enfin dans ces expériences, si les pères semblent plutôt absents, c'est sur les épaules des mères que repose la plupart du temps ces choix à arbitrer pour le bien de leurs enfants.

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer ici vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine, Jean Cocteau, de nouveau, nous soumettra à un dilemme, celui de choisir entre Les enfant terribles et Les parents terribles.