Passé homophobe de la France

27 Juin 2022
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Quarante ans après la dépénalisation de l'homosexualité, le magazine LGBT+ têtu· lance un appel à une reconnaissance, au plus haut niveau de l'État, du passé homophobe de la France : jusqu'en 1982, la justice française a condamné des homosexuels au nom d'une législation homophobe. « Il est temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels », lança, devant l’Assemblée nationale, Robert Badinter, ministre de la Justice, en vue d’obtenir l’abolition, avec la députée Gisèle Halimi, de la dernière loi fondant la persécution des homosexuels en France, le 4 août 1982. Plusieurs milliers d’hommes, dans l’immense majorité des cas, ont été poursuivis et condamnés « au nom du peuple français » pour avoir simplement eu des relations sexuelles consenties avec d’autres hommes. Le président de la République de l’époque, François Mitterrand, avait fait adopter une loi d’amnistie effaçant les peines prononcées pour délit d’homosexualité. « Mais l’histoire n’est pas une ardoise, et l’effacement de leur casier judiciaire n’a pas réparé les vies brisées des victimes », écrit têtu· dans son appel. Aux milliers de condamnés, il faut ajouter ceux, innombrables, qui ont connu les effets de la répression, les raids dans les lieux de rencontres, le « panier à salade » de la police où les homosexuels étaient embarqués comme des criminels. Finalement, par cette épée de Damoclès placée au-dessus de leur tête, c’est toute une génération de personnes LGBT+ qui a vécu dans la peur, sous la menace de la loi homophobe. Pour le média LGBT+ : « Cette tache dans notre histoire doit désormais être reconnue par une prise de parole au plus haut niveau de l’État ». La Norvège l’a fait cette année, dans un discours du Premier ministre à l’occasion du 50e anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité. L’Allemagne, de son côté, indemnise financièrement les victimes de son paragraphe 175 qui criminalisait l’homosexualité : 3 000 euros par condamnation, 1 500 euros pour chaque année passée en prison, 500 euros pour chaque enquête ouverte, etc. « À son tour, la France doit reconnaître, réhabiliter, voire indemniser les victimes de sa répression anti-gay », demandent les signataires de cet appel. Parmi les premiers-ères signataires figurent beaucoup de militants-es des droits humains : Antoine Chassignoux, président d’Act Up-Paris ; Rokhaya Diallo, autrice, militante féministe et antiraciste ; Christophe Martet, rédacteur en chef de Komitid et militant contre le sida ; Camille Spire, présidente de AIDES ou encore Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la mairie de Paris, etc. Signer la pétition.