Pays du Sud : une nouvelle approche

18 Novembre 2019
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Changer de ligne de traitement (de première à deuxième ligne ou de deuxième à troisième ligne) sans passer par l’étape d’un test génétique de résistance, c’est ce qu’ont étudié le professeur Serge Eholié (Université Félix Houphouët-Boigny, Centre Hospitalier Universitaire de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire) et le docteur Roland Landman (Hôpital Bichat AP-HP), avec l’aide de l’IMEA (Institut de médecine et épidémiologie appliquée). Si on peut aujourd’hui contrôler de manière aussi efficace le VIH, c’est notamment grâce à la diversité des traitements existants. Ainsi, lorsqu’un premier traitement antirétroviral (ARV) s'avère inefficace, il est possible de traiter avec une autre combinaison de molécules. On passe alors d’un traitement dit de première ligne à une deuxième ligne. Il existe également des traitements de troisième ligne (souvent chers et encore peu disponibles, notamment dans les pays à revenus faible ou intermédiaire). « Pour décider de proposer ces ARV de troisième ligne, un test génétique de résistance permet de vérifier si le VIH est devenu résistant au traitement de deuxième ligne », rappelle l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) dans un communiqué (25 octobre). La difficulté est, que dans des contextes de pays à ressources limitées, l'accès à ces tests est souvent restreint. D’où l’idée de Serge Eholié et de Roland Landman de travailler à une méthode alternative à ce test, à la fois techniquement efficace et financièrement réaliste. Les deux médecins et chercheurs ont « recouru à un suivi de la charge virale, c'est-à-dire de la quantité de virus dans le sang de patients-es, comme base de décision pour le passage au traitement de troisième ligne ». Leurs travaux démontrent que, couplée à un renforcement de l'observance, cette méthode fondée sur la mesure régulière de la charge virale permet d'obtenir les mêmes résultats que le test fondé sur la génétique dans 75 % des cas. Elle semble donc une solution alternative dans un contexte de pays à ressources limitées sous réserve d’avoir un accès régulier à la charge virale, indique l’ANRS. Le détail de cette étude qui a duré 64 semaines est paru dans The Lancet. Les 200 volontaires inclus appartenaient à la cohorte ANRS Thilao (Third Line Antiretroviral Optimization).